Photo: Rémy Boily.” rel=”shadowbox”>Le prix Paul-Émile-Borduas, la plus prestigieuse distinction décernée par le gouvernement du Québec dans le domaine des arts visuels, du design, de l’architecture et des métiers d’art, est attribué cette année à l’artiste William (Bill) Vazan pour souligner l’importance de son œuvre, remarquable tant par son originalité, sa beauté que par l’énergie qui s’en dégage. Le lauréat, chargé de cours à l’École des arts visuels et médiatiques depuis 1981, recevra son prix au cours d’une cérémonie officielle qui se déroulera le 9 novembre prochain à l’Assemblée nationale.
William (Bill) Vazan est un pilier de l’art conceptuel, du land art et du montage photographique au Québec. Son œuvre multiforme tient de la sculpture, du dessin, de la peinture, de la performance et de la photographie. L’artiste mène sa carrière depuis une quarantaine d’années. Né à Toronto, il vit et travaille à Montréal depuis 1957.
Au cours des années 1970, Bill Vazan réalise déjà des projets conceptuels d’envergure, tels Canada in Parentheses (1968-1969), ou encore Canada Line (1969-1970) et World Line (1969-1971) dans lesquels il sollicite des galeries et des musées pour qu’ils apposent au sol un ruban noir afin de les relier virtuellement. L’artiste se démarque nettement en réalisant cette ambitieuse entreprise de réseautage à l’échelle planétaire. En 1971, avec l’artiste Gary Coward, il organise l’exposition 45° 30′ N – 73° 36′ W qui est présentée à la galerie d’art de l’Université Sir George Williams et au Centre des arts Saidye Bronfman. Il s’agit d’une première présentation de l’art conceptuel à Montréal. Puis, stimulé par l’idée d’inscrire Montréal et le Québec dans un réseau international, il participe avec 13 artistes à la fondation, en 1972, d’un centre de diffusion parallèle, Vehicule Art (Montréal) Inc. Il en sera le président de 1973 à 1974.
Dans la seconde moitié des années 1970, Bill Vazan commence la production d’œuvres monumentales, parmi lesquelles des projets de pierres alignées. Ainsi, en 1976, il présente Stone Maze, installation éphémère créée au parc Lafontaine dans le cadre de Corridart. En 1979, il réalise Pression/Présence sur les plaines d’Abraham, un immense dessin de 400 mètres de diamètre tracé sur le gazon. Il procédera ensuite à de nombreuses interventions permanentes et éphémères dans la nature, les parcs et dans les espaces publics, comme à Lachine, à Québec, à Vancouver et à Windsor. À partir de 1978, il produira ses œuvres de land art en Chine, en Égypte, en France, en Israël, au Japon, au Pérou et en Russie.
Bill Vazan a également mené des projets photographiques d’importance depuis la fin des années 1960, assurant ainsi la pérennité des œuvres du land art, mais aussi celle de ses performances dans l’espace public. Il a de plus capté des lieux et des monuments en Égypte, en Asie et dans d’autres sites naturels d’exception au Canada ou au Québec. Ses expérimentations formelles avec le médium photo lui ont valu la reconnaissance de ses pairs car son œuvre reste exemplaire d’une démarche personnelle unique dans la photographie québécoise et canadienne.
Les œuvres de Bill Vazan ont été largement exposées en Amérique du Nord et à l’étranger et sa pratique a fait l’objet de nombreuses analyses critiques dans les revues spécialisées et les catalogues d’exposition. Que ce soit avec le land art, les nombreux marquages sur la pierre ou sur les routes, les dessins sur papier, sur le sable ou sur la neige, son œuvre trace un voyage dans le temps et évoque les mouvements de l’homme à travers l’évolution de la vie.
En 1980, le Musée d’art contemporain de Montréal a organisé une grande rétrospective intitulée Bill Vazan : Suites photographiques et œuvres sur le terrain. En 2001, le Musée national des beaux-arts du Québec lui a consacré une importante exposition sous le titre Bill Vazan. Ombres cosmologiques. En 2007, VOX, centre de l’image contemporaine, a organisé une exposition sur son travail conceptuel des années 1960 et 1970, accompagnée d’une monographie ayant pour titre Bill Vazan : Walking into the Vanishing Point. Plus récemment, des œuvres de sa période conceptuelle ont été retenues pour faire partie d’une exposition collective majeure consacrée au développement de l’art conceptuel au Canada, sous le titre de Traffic : Conceptual Art in Canada 1965-1980.