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Bâtir un musée à Pékin

Par Claude Gauvreau

11 janvier 2010 à 0 h 01

Mis à jour le 17 avril 2015 à 15 h 04

Des enfants jouent au cosmonaute dans un simulateur, d’autres découvrent l’anatomie en roulant à bicyclette avec un squelette ou forment des vagues pour produire de l’électricité. Le nouveau Musée des sciences et technologies de Pékin a ouvert ses portes l’automne dernier. Situé au cœur du Parc olympique, il occupe une superficie totale de 102 000 mètres carrés.

«Ce musée, quatre fois plus gros que la Cité des sciences de la Villette à Paris, est l’un des plus grands au monde», lance Bernard Schiele, professeur à l’École des médias et membre du Centre interuniversitaire de recherche sur la science et la technologie (CIRST). À la demande de la China Association of Science and Technology, il a présidé le comité scientifique international qui a piloté le projet du musée de Pékin.

Éducatif et ludique, le musée abrite des salles de cours, des laboratoires, quatre salles de cinéma, dont un cinéma Imax et un cinéma 4D, et cinq grands espaces thématiques. Il a entre autres pour mission de faire découvrir de manière originale les mystères de la science aux jeunes.

Expertise internationale

Ancien directeur du programme de doctorat international en muséologie, médiation et patrimoine, Bernard Schiele est membre de plusieurs comités nationaux et internationaux dans le domaine de la muséologie scientifique. Il possède une connaissance approfondie du champ muséal et de ses réseaux professionnels. Fréquemment consulté par divers organismes et paliers de gouvernement sur les questions de culture scientifique et technologique, il a aussi organisé plusieurs colloques internationaux et publié de nombreux articles et ouvrages sur ces sujets, dont certains en Chine.

Le chercheur avait pour mandat de constituer le comité scientifique dont la composition devait répondre à plusieurs critères. «Il fallait trouver des directeurs de musée en exercice qui avaient piloté récemment des projets de construction ou de rénovation de musées, explique-t-il. Ces derniers devaient également provenir de différentes régions du monde, posséder une expérience internationale et interculturelle, ainsi que la capacité de gérer des projets d’envergure.»

De 2005 à 2009, Bernard Schiele a assuré le suivi des échanges avec les responsables chinois concernant tous les aspects du projet : appels d’offres internationaux, contenus et programmation, gestion et organisation. «Je devais intervenir à chaque étape et mobiliser l’expertise des membres du comité pour dégager chaque fois un consensus», dit-il.

Une stratégie d’indépendance

L’assimilation par la Chine des savoir-faire étrangers n’est pas incompatible avec une stratégie d’indépendance intellectuelle, note le professeur. Pékin compte 50 universités et une douzaine de musées (géologie, histoire naturelle, aviation), sans parler des 50 musées scientifiques présentement en construction dans différentes régions du pays. «Engagés dans une vaste entreprise de valorisation de la culture scientifique et technique, les Chinois sont en voie de se doter d’une véritable infrastructure de production et de diffusion de connaissances», observe Bernard Schiele.

Pays d’un milliard et demi d’habitants, la Chine mène de front une triple révolution industrielle, urbaine et technologique, souligne le chercheur. «Les transformations de la société chinoise sont étroitement associées au développement des sciences et des technologies. Actuellement, 300 millions de Chinois, l’équivalent de la population de l’Europe, habitent dans des villes. Le mouvement de migration vers les centres urbains implique une modernisation des modes de vie et l’intégration des technologies en fait partie.»

Bernard Schiele dit avoir été impressionné par la détermination des Chinois et par leur sens de l’organisation. «Le processus de création d’un musée s’échelonne en moyenne sur une période de huit ans. Quand le comité scientifique s’est réuni pour la première fois, les Chinois venaient de creuser le trou. Quatre ans plus tard, le musée de Pékin était ouvert au public.»