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Une étudiante en sociologie lauréate de la Bourse Vanier

Par Jean-François Ducharme

30 octobre 2009 à 0 h 10

Mis à jour le 17 avril 2015 à 15 h 04

En juin 2009, Marie-Nathalie Martineau a remporté la Bourse Vanier, la plus prestigieuse bourse d’études supérieures au Canada. En apprenant la nouvelle, elle fut la première étonnée. «Obtenir une telle reconnaissance est évidemment un honneur, et certainement une chance. Les grands concours opèrent une sélection exigeante et minutieusement étudiée, dont l’épreuve n’est pas peu dire. Toutefois, cette sélection échappe inévitablement d’excellents étudiants, soit parce que certains d’entre eux ont un parcours hors norme, soit parce que tous ne bénéficient pas de conditions d’études équivalentes», rappelle l’étudiante au doctorat en sociologie.

«En ce sens, je me considère privilégiée de pouvoir investir mon domaine de recherche en bénéficiant d’une bourse qui me permettra d’en explorer pleinement et librement les avenues.»

Ce programme du gouvernement fédéral, qui vise à retenir au Canada des doctorants de classe mondiale, permettra à la boursière d’être financée à hauteur de 50 000 $ par an, durant les trois prochaines années. Marie-Nathalie Martineau pourra ainsi se consacrer entièrement à sa thèse de doctorat, qui porte sur la culture et les transformations de la ville post-industrielle.

Un parcours atypique

Rien n’indiquait, à prime abord, que Marie-Nathalie Martineau se destine à la sociologie. Après avoir complété un programme collégial double en sciences pures et musique, elle s’inscrit d’abord à l’université en biologie. À l’issue d’un voyage d’études en France, elle change toutefois de cap et décide de se tourner vers la sociologie. «J’aimais la rigueur des disciplines scientifiques, mais les expériences en laboratoires ne comblaient pas ma curiosité pour la vie culturelle, urbaine et communautaire. J’avais envie d’écrire, d’engager des réflexions plus polémiques, plus ancrées, plus participatives, bref de m’ouvrir à un domaine plus humaniste et créatif.»

La sociologie lui semble alors une manière élégante de faire converger ses intérêts. En rétrospective, l’étudiante est convaincue du pari. «C’est une discipline très plastique et diversifiée, autant dans la manière de l’enseigner que dans les approches théoriques ou dans les façons de travailler, explique-t-elle. La sociologie m’a permis d’acquérir des compétences à la fois générales et spécifiques qui m’ont aidée à me construire en terme de connaissances, mais aussi en tant que personne.»

C’est à l’UQAM que Marie-Nathalie Martineau choisit de réaliser son parcours. «J’ai opté pour l’UQAM d’abord parce qu’elle s’affiche comme une université publique et francophone. Son département de sociologie détient une réputation solide sur le plan académique, et il est également reconnu pour son engagement communautaire, en plus d’accueillir une communauté étudiante diversifiée, active et politisée.»

Des rencontres marquantes

Depuis son entrée au baccalauréat, Marie-Nathalie Martineau a côtoyé plusieurs personnes ayant eu un impact marquant sur son développement personnel et académique. «Un peu comme tout le monde, j’ai eu mon lot de difficultés. J’ai failli abandonner en cours de route. Ce sont des rencontres qui, tout au long de mon parcours à l’UQAM, m’ont permis de développer mes intérêts académiques et m’ont convaincu de persévérer : la rencontre de professeurs et de chargés de cours ouverts et attentifs, tout comme la rencontre de groupes et d’étudiants avec lesquels j’ai eu envie de m’impliquer.»

Elle pense notamment à Louis Jacob, son directeur de maîtrise, qu’elle a appris à connaître comme étudiante, puis comme assistante de recherche. «C’est quelqu’un d’une grande générosité qui m’a transmis le goût d’apprendre et le souci d’un travail critique, faisant preuve d’ouverture et d’intégrité.»

Pour sa part, le professeur Jacob ne tarit pas d’éloges à l’égard de son étudiante. «Marie-Nathalie ne s’est jamais engagée dans des sentiers trop convenus. Nous sommes plusieurs à pouvoir témoigner de la qualité de son travail, de ses efforts et de sa détermination. Elle réussit à rassembler des expériences de réflexion, d’interprétation et d’écritures variées, ce qui, conjugué à une réelle curiosité pour notre monde, est certainement le signe d’une intellectuelle accomplie.»

Les intérêts de recherche de la jeune sociologue se sont également développés aux côtés des professeurs Éric Pineault et Anouk Bélanger, sous les conseils de laquelle elle a déposé sa candidature au concours de la bourse Vanier, et qui est aujourd’hui sa directrice de thèse. «Grâce à eux, j’ai pu participer activement à des projets de recherche innovateurs et stimulants. Leur approche, qui cherche à intégrer de manière originale les dimensions économiques, politiques et culturelles des objets qui intéressent la sociologie, teinte définitivement mon parcours aujourd’hui.»

Une femme impliquée

Active en recherche, Marie-Nathalie l’est également dans différentes sphères de la vie étudiante et universitaire. Elle a agi à titre de déléguée étudiante au sein de plusieurs instances dont le comité de programme du baccalauréat en sociologie, le Comité à la vie étudiante, le Conseil académique de la Faculté des sciences humaines et la Commission des études, en plus d’être membre du comité exécutif du Syndicat des étudiants employés de l’UQAM.

«Pour moi, l’université est un laboratoire d’idées, un lieu de sciences et de réflexions, mais c’est aussi un milieu de travail et un milieu de vie. L’UQAM, en particulier, est une université jeune dont la mission fondatrice est celle d’une éducation de qualité, accessible au plus grand nombre. En m’impliquant, je souhaitais contribuer à réaffirmer cet idéal, tout en participant activement aux débats qui animent et traversent sa communauté.»

Aussi, ajoute-t-elle, ses différentes implications lui ont permis de développer un esprit critique et un intérêt pour les enjeux et les débats publics. «Je voulais faire l’exercice de prendre part aux échanges et de participer aux décisions en contribuant à les rendre plus transparentes et plus collectives, c’est-à-dire en agissant en tant que membre d’une communauté universitaire, mais aussi en pensant l’université comme un acteur de sa collectivité.»