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Devoir accompli!

Sandrine Faust mène l’organisme Allô prof de main de maître.

Par Pierre-Etienne Caza

16 novembre 2009 à 4 h 11

Mis à jour le 27 avril 2018 à 10 h 04

Sandrine Faust
Photo: Nathalie St-Pierre

Combien de gens ont le privilège de découvrir chaque matin des dizaines de courriels de remerciement pour leur bon travail? C’est le cas de Sandrine Faust, directrice générale d’Allô prof, dont la boîte de courrier électronique est assaillie de messages d’élèves fiers d’avoir réussi leurs examens, leurs devoirs, ou tout simplement d’avoir compris une notion qui leur échappait jusque là.

À la tête de l’organisme d’aide aux devoirs depuis dix ans, Sandrine Faust a fait d’Allô prof une ressource précieuse dans le paysage scolaire québécois. Cela lui a valu quelques récompenses, entre autres le Prix Reconnaissance 2008 de la Faculté des sciences de l’éducation de l’UQAM, le Prix Personnalité de l’année 2008 La Presse/Radio-Canada, catégorie Courage, humanisme et accomplissement personnel, et le Prix du civisme de l’Ordre national du Mérite de la France.

La patronne d’Allô prof s’empresse de préciser qu’elle n’est pas seule dans cette aventure. «Certains enseignants font partie de l’équipe depuis les débuts, il y a 13 ans», souligne-t-elle. Ils sont aujourd’hui une cinquantaine, à Montréal et à Québec, à répondre aux interrogations des élèves de la première année du primaire à la cinquième année du secondaire, du lundi au jeudi, entre 17 h et 20 h. Cette année, Sandrine Faust s’attend à recevoir quelque 180 000 demandes d’élèves, soit une moyenne d’environ 800 par soirée !

Une seule visite dans les locaux de l’organisme suffit pour constater que les enseignants adorent leur travail. Au téléphone ou dans les cyberclasses (un espace de clavardage privé entre l’enseignant et l’élève), ils se concentrent pour aider du mieux qu’ils le peuvent les élèves qui réclament un coup de pouce. «Imaginez tous les bons côtés de l’enseignement sans aucun des inconvénients. Pas de préparation de cours, pas de correction et pas de discipline à faire. Uniquement des interactions avec des élèves motivés et réceptifs aux explications.»

«Imaginez tous les bons côtés de l’enseignement sans aucun des inconvénients. Pas de préparation de cours, pas de correction et pas de discipline à faire. Uniquement des interactions avec des élèves motivés et réceptifs aux explications.»

Sandrine Faust

Directrice générale d’Allô prof

C’est cet aspect du travail qui avait séduit Sandrine Faust, à la fin des années 1990, après deux baccalauréats complétés à l’UQAM (B.A. administration, 93 ; B.A. enseignement adaptation scolaire et sociale, 97). «J’ai enseigné brièvement pour m’apercevoir que je n’étais pas à l’aise dans une classe, où tout doit être réglé au quart de tour, avoue-t-elle franchement. Ici, en revanche, c’est toujours très stimulant. On ressent une poussée d’adrénaline à chaque appel, car nous n’avons aucune idée de la question de l’élève.»

L’une des plus belles réussites de Sandrine Faust au cours des dernières années est d’avoir habilement négocié le virage Web. «Nous recevons de moins en moins d’appels téléphoniques, explique-t-elle. Ce sont les forums de discussion qui connaissent une popularité fulgurante et nos cyberclasses affichent complet.»

Une visite sur le site www.alloprof.qc.ca suffit pour constater la convivialité des outils mis à la disposition des jeunes. Depuis l’an dernier, des fiches vidéo sur des notions de français et de mathématiques ont été intégrées à la bibliothèque virtuelle, véritable mine de renseignements. Et il faut voir le petit jeu qui permet de pratiquer les tables de multiplication. Il paraît que même les parents en raffolent !

Un projet-pilote de cyberclasses dirigées par des élèves de 4e et 5e secondaire a également fait mouche dans plusieurs régions du Québec. «Nous poursuivrons dans cette voie, puisqu’il s’agit d’une initiative où tous sont gagnants, explique Sandrine Faust. Les bons élèves deviennent encore meilleurs en aidant les autres.»

Ricaneuse et pleine d’entrain, la patronne d’Allô prof déplace de l’air. Son équipe l’a même surnommée la Tornade! «2008-2009 a été notre meilleure année et nous avons encore de beaux projets de développement», assure-t-elle. Des bornes Allô prof, par exemple, ont été installées dans 12 services de garde de la Commission scolaire de Montréal, ainsi qu’à l’Hôpital Sainte-Justine. Sandrine Faust aimerait aussi mettre en ligne une version bilingue du site pour desservir la communauté anglophone et elle a des projets spéciaux avec les communautés immigrantes, qui composent 65 % de la clientèle d’Allô prof.

Le formidable succès de l’organisme a attiré l’attention de dirigeants d’entreprise et des chasseurs de tête l’ont approchée. «Je ne regarde même pas ces offres, ce serait comme abandonner mon bébé, tranche sans détour la maman d’Anaïs, 6 ans, et de Thierry, 11 mois. À mi-chemin entre le monde de l’éducation et celui des affaires, j’ai trouvé le métier qui me passionne.»