Voir plus
Voir moins

Pour la joie des enfants

Par Pierre-Etienne Caza

20 avril 2009 à 0 h 04

Mis à jour le 17 avril 2015 à 15 h 04

«Les livres pour enfants aident les petits à apprivoiser la lecture et ils permettent de tisser un lien privilégié entre les membres de la famille. Prenez le temps de lire des histoires à vos enfants», se plaît à répéter Hélène Desputeaux aux parents. Pour la lauréate du Prix Reconnaissance UQAM 2009 de la Faculté des sciences de l’éducation, le développement des enfants a toujours été associé de près avec le plaisir de créer pour eux de nouveaux personnages, parmi lesquels figure le célèbre Caillou.

La création et l’enseignement ont accompagné Hélène Desputeaux tout au long des années. La diplômée en arts visuels de l’Université Laval, puis en éducation préscolaire et enseignement primaire de l’UQAM, a été la première illustratrice québécoise à voir ses œuvres exposées à la Foire internationale du livre pour enfants de Bologne, en 1983.

Son premier contrat d’illustrations fut pour Les habits neufs de l’Empereur, un conte d’Andersen publié en Scandinavie. Cette première expérience a pavé la voie à plusieurs autres collaborations pour des livres, des pochettes de disque et des manuels scolaires, entre autres. En parallèle, Mme Desputeaux a travaillé en garderie, en pré-maternelle et en maternelle, où elle enseigne toujours une journée par semaine.

Caillou et Mella

Le personnage de Caillou créé par Hélène Desputeaux fête ce printemps ses 20 ans. «J’étais enceinte de ma première fille et les rondeurs du personnage viennent de là. Caillou n’est ni une fille, ni un garçon, précise-t-elle, c’est un bébé sans cheveux créé pour favoriser un premier contact des tout-petits avec la lecture à l’aide d’un livre d’images. C’est pour cela que Caillou est dessiné sur un fond blanc et que son regard interpelle directement le lecteur.»

Cette description ne correspond pas avec l’image que vous avez de Caillou? Normal, car le Caillou connu du grand public diffère du bébé initialement créé par Hélène Desputeaux. C’est que l’illustratrice a vécu pendant une dizaine d’années une longue et pénible saga judiciaire avec la maison d’édition Chouette, concernant un différend à propos des droits d’adaptation, de reproduction et de diffusion du personnage de Caillou. «Ce fut une époque difficile, à tel point que j’ai fermé ma table à dessin et que je suis retournée à temps plein à l’enseignement. Je n’étais plus capable de dessiner et j’avais un choc chaque fois que je découvrais les produits dérivés tirés de mon personnage.»

Ce sont les enfants qui l’ont sauvée, affirme-t-elle. «Le contact avec leur créativité a ravivé ma passion. Ils ne soupçonnent pas à quel point un seul regard, une phrase ou une attitude peut faire surgir des idées pour un personnage.»

Une entente, survenue en 2005, lui a permis de récupérer ses droits sur ses illustrations originales et sur le personnage de Caillou (mais pas sur les diverses adaptations et produits dérivés). Depuis, Hélène Desputeaux et son conjoint, Michel Aubin (diplômé de l’UQAM en design graphique), ont créé leur propre boîte de production, desputeaux + aubin. «Nous faisons désormais les choses à notre goût et nous gérons toutes les étapes du processus», dit-elle fièrement. Jusqu’à maintenant, neuf titres ont été publiés et trois sont en préparation, dont un mettant en scène un nouveau personnage, qui devrait voir le jour au printemps 2010.

Elle a donc pu renouer avec Caillou, en plus de créer d’autres personnages, parmi lesquels Mella, une petite fille de deux ans et demi, espiègle et pas toujours sage. «C’est le personnage qui me ressemble le plus», confie l’auteure en riant. Elle ne cache pas que ses albums sont remplis de souvenirs personnels. Par exemple, Décembre ou les 24 jours de Juliette, le premier titre de desputeaux + aubin, a été créé pour sa fille la plus jeune, aujourd’hui âgée de 13 ans.

Malgré le succès de ses ouvrages, le prix Reconnaissance que lui décerne la Faculté des sciences de l’éducation la gêne quelque peu. «Je suis habituée de travailler à l’ombre de ma table à dessin, pas à recevoir des prix, dit-elle. En plus, il y a plein d’enseignants qui travaillent fort et qui ont un programme pédagogique bien rempli… Cela dit, il s’agit d’un honneur qui me touche beaucoup.»