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L’UQAM décerne un doctorat honorifique à André Corboz

19 octobre 2009 à 20 h 10

Mis à jour le 7 juin 2022 à 12 h 35

L’UQAM rend hommage à André Corboz en lui attribuant le titre de docteur honoris causa, par décision de son conseil d’administration et sur recommandation de son École des sciences de la gestion. Par ce geste, l’Université veut souligner l’importante contribution internationale de M. Corboz dans le domaine des études et du patrimoine urbains.

Poète dès l’adolescence, juriste de formation, chercheur érudit animé d’une curiosité insatiable, homme de terrain, photographe, bibliophile passionné et amateur de musique, André Corboz a eu un parcours académique des plus singuliers.

Mise à part sa licence en droit obtenue à l’Université de Genève, sa «non-formation», comme il le dit lui-même, dans des matières qu’il a ensuite enseignées lui a permis d’appréhender l’architecture, le patrimoine, l’histoire de l’art, l’aménagement et les études urbaines avec un esprit neuf et non «déformé». Cet «itinéraire sans dessein», «dérives nomades» ou «errances organisées», selon ses propres mots, l’ont mené d’enquêtes en découvertes sur plusieurs continents, à explorer différentes époques historiques, à apprivoiser différentes cultures – dont la nôtre – ignorant, ce faisant, les frontières disciplinaires.

Il obtient un doctorat d’État ès lettres et sciences humaines-sociologie de l’Université Grenoble II, à l’âge de 53 ans, après un travail de recherche gigantesque sur le peintre Canaletto que plusieurs persistent encore à voir comme le «photographe» avant la lettre de la Venise du XVIIIe siècle. André Corboz, au contraire, a démontré patiemment, toile par toile, que le peintre italien manipulait systématiquement tout ce qu’il représentait avec une visée critique, aussi bien urbanistique que politique. Le manuscrit de 1 000 pages, rédigé en quelques mois, est paru sous le titre Canaletto. Una Venezia immaginaria, en 1985, à Milan.

Mais avant de s’intéresser au tissu urbain vénitien, à la grille territoriale américaine ou à l’hyperville postmoderne, André Corboz a rédigé un autre manuscrit d’un millier de pages sur une petite localité voisine de Genève, Carouge, édifiée au XVIIIe siècle par des architectes à la solde du roi de Sardaigne. Ce premier long travail de recherche aux archives de Turin, intitulé Invention de Carouge 1772-1792, et rédigé en dix mois, a été publié à Lausanne, en 1968.

C’est à cette époque, alors qu’il était secrétaire de l’Université de Genève, rédacteur pour différents journaux suisses et chercheur dilettante, qu’il est invité à enseigner l’histoire de l’architecture à Montréal. Néophyte comme historien, néophyte comme enseignant et n’ayant jamais mis les pieds en Amérique du Nord, il accepte néanmoins la proposition et séjournera au Québec de 1967 à 1980. Avant d’obtenir un poste de professeur à l’Université de Montréal, il enseignera également, quelques années, à l’Université Laval. De retour en Europe, il acceptera la Chaire d’histoire de l’urbanisme à l’École polytechnique fédérale de Zurich, en 1980, et y sera nommé professeur émérite. Son passage en Suisse alémanique durera également 13 ans.

En 2003, il reçoit la médaille d’argent de l’histoire de l’art de l’Académie d’architecture de Paris et un doctorat honorifique de son alma mater, l’Université de Genève.

Auteur prolifique, inventeur de mots et d’expressions – l’hyperville, la nébuleuse urbaine, le palimpseste (appliqué au territoire), le cinghalisme (comme méthode) – esprit libre et protéiforme, André Corboz a apporté une contribution profondément originale aux études urbaines et patrimoniales au cours des quarante dernières années, et son parcours n’est pas terminé!

Pour sa réflexion transdisciplinaire novatrice sur l’art, la littérature et les sciences sociales, pour la rigueur, la diversité et la richesse de ses recherches en études urbaines, pour la valeur méthodologique et la portée de ses travaux sur la ville, pour sa contribution à la formation de plusieurs cohortes d’architectes et d’urbanistes québécois, l’Université du Québec à Montréal veut honorer et saluer André Corboz docteur honoris causa.