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L’école supérieure de théâtre adapte une pièce de Gorki

Par Anne-Marie Brunet

20 avril 2009 à 0 h 04

Mis à jour le 17 avril 2015 à 15 h 04

Chaque année, l’École supérieure de théâtre présente à la fois des pièces de création et des pièces du répertoire classique. L’une des dernières productions de cette saison, Les estivants, de l’auteur russe Maxime Gorki (1868-1936), est mise en scène par Philippe Lambert, chargé de cours à l’École, assisté dans son travail par Catherine Girardin, étudiante au baccalauréat en théâtre et … dramaturge!

Les estivants «raconte l’histoire de nouveaux bourgeois qui se réunissent l’été à la campagne au début du XXe siècle. Les personnages sont pris dans des contradictions tant existentielles que politiques dans une Russie pré-révolutionnaire. Le metteur en scène a choisi de centrer la pièce sur le personnage féminin principal, Varvara qui cherche à se sortir de ce milieu petit-bourgeois qui l’oppresse. L’angoisse qu’elle manifeste déstabilise les autres personnages, explique Catherine Girardin.

Inspiré de deux films

Bien que la pièce soit jouée en costumes d’époque, le metteur en scène n’a pas cherché à faire une reconstitution historique fidèle. Il s’est inspiré du film russe Partition inachevée pour piano mécanique. «Les personnages de ce film évoluent dans un univers festif, mais ils semblent oppressés et on ne sait pas vraiment pourquoi, puis tranquillement ça se dévoile», raconte Catherine Girardin. La pièce évoque aussi Vanya, 42nd street, pour l’atmosphère et les couleurs. Ce film de Louis Malle montre des acteurs qui répètent à New York la pièce L’Oncle Vania, d’Anton Tchekov. «Le spectateur se rend compte que les acteurs jouent la pièce et il se laisse complètement emporter dans leur jeu. C’est un peu cette ambiance que le metteur en scène veut reproduire», poursuit l’assistante.

Cette pièce sera interprétée par dix étudiants de deuxième année du baccalauréat en théâtre, tous présents sur scène pendant les deux heures que dure le spectacle. Comme dans le film de Louis Malle, il n’y a jamais de sortie de scène.

Les étudiants viennent de différents cours de l’École. Une telle production implique, en effet, la participation des étudiants de technique scénique. «Nous recrutons parmi eux ceux qui seront à la régie, à la console de son, à l’éclairage, les machinistes, parfois l’aide aux costumes», note Catherine Girardin.

Un rôle en émergence

Catherine a accepté le poste de dramaturge que lui a offert le directeur artistique des productions théâtrales de l’École supérieure de théâtre, Larry Tremblay, parce qu’elle voulait découvrir «comment la théorie pouvait irriguer la pratique». Au sens où on l’emploie à l’École supérieure de théâtre, et de plus en plus dans le milieu théâtral, le dramaturge n’est pas un auteur de pièces de théâtre. «C’est un nouveau rôle, qui s’est développé en Europe et qui commence à émerger au Québec. L’université est un beau milieu pour découvrir en quoi consiste cette tâche qui n’est pas encore tout à fait définie», explique Catherine Girardin.

Le dramaturge fait des recherches afin de fournir des ressources visuelles ou documentaires pour les différents aspects de la production. «Il apporte un soutien aux concepteurs de décor ou de maquillage et accompagne les acteurs en documentant leurs rôles, par exemple en expliquant comment était un médecin à l’époque de Gorki», poursuit Catherine. Le dramaturge doit aussi pouvoir assister le metteur en scène dans sa démarche créative. «Si ce dernier désire que la pièce évolue dans une esthétique cubiste, il faut lui fournir de la documentation sur ce sujet.»

Catherine Girardin avoue avoir sacrifié quelques jours de congé à cet important travail. «La tâche de dramaturge dans le passé revenait souvent au metteur en scène. En la confiant à quelqu’un d’autre, celui-ci peut se concentrer davantage sur la direction d’acteurs».

Quand on lui demande si elle aimerait exercer ce métier plus tard, Catherine Girardin répond humblement : «Oui beaucoup, mais non seulement il faut de l’expérience en théâtre, mais aussi des connaissances et une grande culture pour pouvoir établir des liens et pousser plus loin le travail. Peut-être dans la cinquantaine?» Gageons que la contribution de la dramaturge en herbe vaut déjà le détour.

***

Les représentations de la pièce auront lieu au Studio théâtre Alfred-Laliberté du 22 au 25 avril à 20h et le 24 avril à 14h. Renseignements et réservations : (514) 987-3456