Certaines passions ne datent pas d’hier. «Quand j’étais enfant, mon oncle curé filmait les fêtes de famille et les mariages avec sa caméra 35mm. La première fois que j’ai mis l’œil dans le kodak, j’ai su que j’avais trouvé ma voie», raconte Pierre Roy, président des Chaînes Télé Astral inc., et lauréat du Prix reconnaissance UQAM 2009 de l’École des sciences de la gestion.
Pierre Roy a rapidement pris le relais de son oncle derrière la caméra. Vers l’âge de 16 ans, avec son ami Jean Leclerc, il commence à tourner des films amateurs. Des courts-métrages d’abord, puis un long-métrage qui remporte le prix «Images en tête» de Radio-Canada et est projeté au Pavillon de la jeunesse à Expo 67.
C’est son intérêt pour la production en cinéma qui le pousse à étudier en administration à l’UQAM, au début des années 1970. Après ses études, il retourne dans son Sorel natal, où il cultive sa passion pour le cinéma tout en occupant un poste de gérant dans une boutique de vêtements pour hommes. «Être à l’écoute des goûts des gens pour la mode et devoir anticiper sur les tendances de l’année à venir a été très formateur, analyse-t-il. Au fond, ce n’est pas tellement différent du travail de vice-président à la programmation pour un réseau de télévision.»
Après avoir ensuite travaillé dans un centre de postproduction à Québec, dans une boîte de publicité à Montréal et fondé Spectel (aujourd’hui L’Équipe Spectra) avec Alain Simard, Pierre Roy atterrit à Télé-Québec (autrefois Radio-Québec). Il y cumule, de 1987 à 1991, les fonctions de directeur du secteur ventes et marketing, et celles de vice-président de la programmation! «J’avais des journées plutôt chargées, raconte-t-il en riant. Ce furent de très belles années, marquées par le succès du Club des 100 watts et de l’émission Beau et chaud, entre autres.»
L’aventure Astral
Pierre Roy obtient en 1992 le poste de président de ce qui deviendra les Chaînes Télé Astral inc. Sous sa gouverne, l’entreprise, qui n’exploitait au départ que deux chaînes spécialisées, Super Écran et Canal Famille, passe de 50 employés à 500 employés. Elle compte aujourd’hui huit chaînes : Canal D, «qui a remis le documentaire à la mode au Québec», selon le grand patron, Canal Vie, VRAK.TV (anciennement Canal Famille, un immense succès auprès des jeunes), Ztélé, Historia, Séries+, MusiquePlus et Musimax.
«C’était important de développer une offre de chaînes francophones pour satisfaire les intérêts des téléspectateurs québécois, plutôt que de les laisser se tourner vers des chaînes américaines», explique M. Roy à propos de l’expansion d’Astral. L’objectif a été atteint si l’on en juge par les sondages BBM : entre l’automne 2002 et l’automne 2007, les huit chaînes confondues ont vu leurs parts de marché des 25-54 ans augmenter de 62 %.
Pierre Roy ne compte toutefois pas s’arrêter en si bon chemin. Il a négocié le virage de la télé en haute définition (HD), et son prochain défi est la télévision en ligne sur Internet. «Chacune de nos chaînes possède son propre site Web équipé d’un outil de visionnement de très haute qualité, dit-il. Les gens choisiront bientôt le moment où ils veulent écouter une émission et le médium qu’ils désirent. C’est la voie de l’avenir et nous devons être prêts.»
Un passionné
Même s’il ne met plus «l’œil dans le kodak», Pierre Roy demeure à l’affût des nouveaux concepts d’émissions, des développements technologiques et des changements dans les habitudes de consommation des gens. «Ma passion est intacte, j’adore ce que je fais et je suis entouré d’une belle équipe», souligne-t-il.
Lauréat du Grand Prix de l’Académie canadienne du cinéma et de la télévision, au gala des prix Gémeaux, en septembre dernier, Pierre Roy est l’un des membres fondateurs de l’Institut national de l’image et du son (INIS), dont il préside toujours le conseil d’administration. «L’INIS est l’une des réalisations dont je suis le plus fier, car il s’agit d’un centre de formation professionnelle crucial pour notre industrie», dit-il.
Membre du conseil d’administration de la Fondation de l’UQAM, de 1996 à 2008, et président, de 2004 à 2006, M. Roy est profondément ému par le prix que lui décerne son alma mater. «L’UQAM me tient à cœur, dit-il. L’ESG UQAM est l’une des meilleures écoles de gestion du Canada et je tente d’en être le digne représentant.»