Dans le cadre des cérémonies de collations des grades de cinq de ses facultés, l’UQAM a conféré le week-end dernier le titre de professeur émérite à trois de ses professeurs : Hélène Beauchamp, de l’École supérieure de théâtre, Georges Leroux, du Département de philosophie et Jean-Claude Robert, du Département d’histoire. Ce titre leur est octroyé pour leur contribution significative au rayonnement de l’UQAM, ici et à l’étranger.
Hélène Beauchamp
Professeure retraitée de l’École supérieure de théâtre, Hélène Beauchamp s’est vu attribuer, sur recommandation de la Faculté des arts, le statut de professeure émérite pour sa contribution exceptionnelle au développement de l’UQAM et à son rayonnement dans les domaines de la dramaturgie, de la mise en scène, de la scénographie et de la formation théâtrale, à titre d’historienne, d’analyste et de pédagogue.
Née à Ottawa, titulaire d’une licence ès lettres modernes de la Sorbonne et d’un doctorat en histoire du théâtre de l’Université de Sherbrooke, Hélène Beauchamp enseigne de 1966 à 1975 à l’Université d’Ottawa où elle contribue à la fondation du Département de théâtre. En 1975, le Département de théâtre de l’UQAM lui offre un poste en recherche, formation en théâtre pour les jeunes spectateurs, et pédagogie artistique. À la tête du département de 1985 à 1989, elle assure ensuite la direction des études avancées de 1995 à 1998. Elle fonde, également à l’UQAM, le Centre de recherches théâtrales qu’elle dirigera de 1995 à 2005.
Avec d’anciens collègues de l’Université d’Ottawa, elle réalise la première étude d’ensemble sur Le théâtre canadien-français, qui sera publiée en 1976 chez Fides. Elle consacre une bonne part de sa recherche et de son enseignement au théâtre jeune public, aux rapports entre théâtre et adolescence, de même qu’aux Théâtres de création. Elle publie les résultats de ses recherches dans une longue série d’ouvrages fondamentaux sur l’histoire du théâtre, la pédagogie artistique et le théâtre pour l’enfance et la jeunesse. À l’UQAM, elle donne le cours «Didactique de l’enseignement de l’art dramatique», accompagne les étudiants lors de leurs stages en enseignement, crée le cours «Fondements de l’enseignement du théâtre». Elle sera appelée à intervenir dans la refonte des programmes d’enseignements des arts du ministère de l’Éducation en 1981 et en 1990, et sera très active à l’Association québécoise des professeurs d’art dramatique.
Cofondatrice de la Maison Théâtre (Montréal, 1980), les postes qu’elle a occupés dans des conseils d’administration, comités exécutifs et consultatifs ne se comptent plus : compagnies théâtrales professionnelles, associations canadiennes et québécoises, ministères, comités du Conseil des Arts du Canada et du Conseil de la recherche en sciences humaines du Canada. Elle a également été présidente de la Société québécoise d’études théâtrales (2002-2004).
Outre ses contributions à nombre de revues savantes ici et ailleurs, elle a publié plusieurs ouvrages et donné des conférences en Europe, en Afrique du Nord et de l’Ouest, au Japon, aux États-Unis et au Canada. Ses recherches et publications ont reçu l’appui financier de plusieurs organismes subventionnaires québécois et canadiens. À tous ses titres, s’ajoutent ceux de commissaire d’exposition et de coordonnatrice de publication. Ces nombreuses réalisations étaient récemment consacrées par le Prix de Carrière qui lui a été attribué le 25 mai dernier par l’Association canadienne pour la recherche théâtrale, au Centre national des Arts à Ottawa.
Georges Leroux
Professeur associé, retraité du Département de philosophie, Georges Leroux s’est vu attribuer, cette année, sur recommandation de la Faculté des sciences humaines, le statut de professeur émérite pour sa contribution exceptionnelle au développement de l’UQAM et à son rayonnement dans les domaines de la philosophie, de la culture, de l’art et de l’éducation.
Diplômé du doctorat en philosophie de l’Université de Montréal en 1977, M. Leroux enseigne au Département de philosophie de l’UQAM depuis sa fondation en 1969. Helléniste mondialement reconnu, il a marqué de son empreinte les études platoniciennes et néoplatoniciennes. Sa traduction commentée de La République, imprimée à 100 000 exemplaires, constitue désormais LA référence pour l’enseignement de la pensée de Platon, non seulement au Québec mais dans toute l’Europe francophone.
Soutenus par une érudition remarquable, ses travaux de recherche révèlent un dialogue constant et fructueux entre pensée antique et pensée contemporaine sur les questions éthiques et politiques. Intellectuel de premier plan, Georges Leroux s’est toujours soucié de nourrir et fortifier les rapports qu’entretient la philosophie avec l’art, le théâtre, la littérature et la musique. Cette volonté de décloisonner les disciplines est d’ailleurs un des traits marquants de sa démarche intellectuelle. Celle-ci brille dans Partita, son essai sur l’esthétique de Glen Gould, qui lui a valu à la fois le Grand Prix du livre de la Ville de Montréal et le prix de la revue Études françaises.
Cet éminent chercheur est aussi un pédagogue hors pair dont les qualités ont été récompensées du Prix d’excellence en enseignement de l’Université du Québec. Tout au long de sa carrière, il aura multiplié les innovations pédagogiques pour garder vivants les domaines de la philologie et de la philosophie grecque, assurant ainsi avec succès la transmission de l’humanisme aux nouvelles générations. Au nombre de ses réalisations figurent la réintroduction des cours de grec ancien, l’initiation de voyages d’études bisannuels en Grèce et la création du programme multidisciplinaire de premier cycle Histoire, culture et société, en collaboration avec l’historienne Janick Auberger. S’ajoutent à ces réussites la mise sur pied d’une École d’été à Molyvos et le développement du programme de bourses à la mobilité internationale du ministère de l’Éducation, favorisant ainsi l’ouverture sur le monde de toute une nouvelle génération d’étudiants.
Toujours passionné par les questions liées à la vie démocratique, M. Leroux s’est impliqué à fond dans les débats publics. À titre d’exemples, mentionnons son apport exceptionnel à la conception et à l’implantation du programme scolaire «Éthique et culture religieuse», sa participation, durant quelque dix années, à l’émission de réflexion Passages sur les ondes de Radio-Canada, ses nombreuses conférences publiques et tous les articles passionnants parus sous sa plume dans les journaux et les revues du Québec.
Jean-Claude Robert
Professeur associé, retraité du Département d’histoire, Jean-Claude Robert s’est vu attribuer, sur recommandation de la Faculté de sciences humaines, le statut de professeur émérite pour sa carrière remarquable d’historien et sa contribution exceptionnelle au rayonnement de l’Université.
Titulaire d’un diplôme de doctorat en histoire de l’École des Hautes Études en sciences sociales de Paris, Jean-Claude Robert a été professeur au Département d’histoire de l’UQAM durant 32 ans. Auteur d’une œuvre substantielle et novatrice consacrée à l’étude de la société québécoise au XIXe siècle, pionnier de l’histoire urbaine du Québec, il s’est intéressé tant aux dynamismes démographiques et spatiaux de la ville, qu’aux relations entre ville et campagne. La compréhension des liens entre les transformations socioéconomiques et l’évolution des mentalités figure au cœur de sa démarche.
Son implication au sein du Groupe de recherche sur l’histoire de Montréal, de même que la production de son remarquable Atlas historique de Montréal – récompensé en 1995 du Prix Percy-W.-Foy – ont fait de lui un expert incontournable de l’histoire de la métropole. En outre, avec ses collègues Paul-André Linteau, René Durocher et François Ricard, le professeur Robert a contribué à l’ouverture d’un vaste chantier d’analyses historiques portant sur toutes les facettes de la vie collective du Québec. Ce travail colossal a donné lieu à la publication de l’Histoire du Québec contemporain, une synthèse historique devenue aujourd’hui un standard dans l’enseignement de l’histoire du Québec.
Également digne de mention, le projet de grande envergure sur l’évolution de l’Axe laurentien qu’il a dirigé avec Normand Seguin et Serge Courville. Fortement subventionné, ce programme de recherche a fait progresser les connaissances sur l’histoire de la vallée du Saint-Laurent, bouleversant les idées reçues à propos du monde rural québécois. Il en a résulté un atlas historique de très haut niveau, intitulé Le pays laurentien au XIXe siècle, couronné en 1996 du prestigieux prix Lionel-Groulx. Ajoutons qu’il a aussi dirigé la version française de l’imposant tome II de l’Atlas historique du Canada.
Mais sa contribution à l’essor de sa discipline ne se limite pas à ses seules productions scientifiques. Au fil du temps, il a été notamment vice-président de l’Institut d’histoire de l’Amérique française, président de la Société historique du Canada et secrétaire général du Comité international des sciences historiques. Son élection à ces postes, de même que sa nomination à la Société royale du Canada, qui lui a décerné la Médaille d’histoire J.B. Tyrrell, témoignent de l’estime dont il jouit auprès de ses pairs, tant au pays qu’à l’étranger.
Fréquemment sollicité par les ministères et les musées, Jean-Claude Robert a toujours accepté de mettre son savoir au service du public, que ce soit par le biais d’entrevues dans les médias ou d’expertises requises dans le cadre de séries historiques présentées sur les chaînes de Radio-Canada, de Télé-Québec ou d’Historia. Ses collègues de l’UQAM ont aussi bénéficié de son engagement à titre de membre de comités de programme, de directeur de programmes et de directeur de département. Enfin, plus d’une cinquantaine d’étudiantes et d’étudiants ont profité de la qualité de son encadrement pour la rédaction de leur mémoire ou de leur thèse, plusieurs œuvrant désormais à titre de professeurs d’université.