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Avocate des droits humains

Par Claude Gauvreau

19 octobre 2009 à 0 h 10

Mis à jour le 17 avril 2015 à 15 h 04

Le terme est peut-être galvaudé, mais il lui convient parfaitement. Marie-Christine Ladouceur est une jeune de femme de 23 ans profondément engagée.

Sensible à la détérioration de l’image du monde arabe en Occident, Marie-Christine combat les préjugés qui alimentent l’incompréhension. Impliquée dans l’Association de la culture arabe de l’UQAM, elle a fondé, il y a un an, la Coalition pour la justice en Palestine, un groupe étudiant candidat à l’agrément. Finissante du programme de baccalauréat en relations internationales et droit international, elle a reçu en juin dernier la Médaille du Lieutenant-gouverneur du Québec pour la jeunesse en reconnaissance de ses activités pour la défense des droits humains.

«Les différences culturelles m’ont toujours attirée, dit-elle. Dès la fin de mes études secondaires, j’ai effectué un stage en coopération internationale en Amérique latine où j’ai travaillé pendant quatre mois auprès de mères adolescentes. Puis, j’ai commencé à m’intéresser au monde arabe et j’ai séjourné quelque temps au Maroc et en Tunisie.»

Promouvoir une paix juste

En juin dernier, Marie-Christine a été élue vice-présidente de l’ONG Palestiniens et Juifs Unis (PAJU), qui œuvre à la promotion d’une paix juste et durable au Moyen-Orient. Fondée à Montréal en 2000 par un Juif canadien, Bruce Katz, et un Canadien d’origine palestinienne, Rezeq Faraj, PAJU défend les droits de la personne et reconnaît le droit à l’existence nationale des peuples palestinien et israélien, ainsi que leur droit de vivre en sécurité.

«À PAJU, nous croyons que le conflit israélo-palestinien peut et doit être résolu par l’application du droit international tel qu’il s’exprime dans les quatre conventions de Genève, dans la Charte des Nations Unies, dans la Déclaration universelle des droits de l’homme et dans les résolutions des Nations Unies exigeant le retrait des territoires palestiniens occupés par Israël depuis 1967, souligne Marie-Christine. Nous soutenons également le droit du peuple palestinien à l’autodétermination, ainsi que la création d’un État palestinien indépendant, démocratique et laïque.»

La jeune étudiante ne croit pas que le conflit israélo-palestinien met aux prises deux parties aux responsabilités égales. «Il y a une puissance militaire occupante, l’État d’Israël, et un peuple opprimé, les Palestiniens, lance-t-elle. Je condamne aussi les attentats terroristes qui visent la population civile israélienne. Mais comme le souligne le mouvement du Bloc de la paix en Israël, l’occupation des territoires nourrit la violence et le terrorisme.»

En mai dernier, Marie-Christine a fait partie d’une délégation québécoise qui a séjourné deux semaines en Israël et dans les territoires palestiniens occupés. Ce voyage lui a permis, dit-elle, de mieux comprendre la réalité de l’occupation et de la colonisation, lesquelles prendraient de plus en plus le visage de l’apartheid. «Il existe en Israël un courant en faveur d’un État purement juif, ce qui pourrait entraîner l’expulsion des citoyens israéliens d’origine arabe.»

Opposition israélienne

Elle a également rencontré plusieurs Israéliens qui s’opposaient à l’occupation. «Certains protégeaient des Palestiniens de la violence des colons, d’autres assuraient leur défense juridique quand ils étaient expropriés. Des féministes israéliennes m’ont expliqué par ailleurs les effets destructeurs de l’occupation sur la société israélienne : militarisation de l’économie et glorification de la culture guerrière.»

L’étudiante interviendra le 29 octobre prochain au colloque Murs et barrières en relations internationales, organisé par la Chaire Raoul-Dandurand. Elle organise également une conférence, prévue pour décembre, où Yakov Rabkin, professeur d’histoire à l’Université de Montréal, parlera de son ouvrage Au nom de la Torah, une histoire de l’opposition juive au sionisme.

Marie-Christine ne sait pas encore si elle va entreprendre une maîtrise ou un deuxième bac. La fonction publique l’intéresse, de même que le travail au sein d’une ONG comme la Ligue des droits et libertés. Elle dit garder encore espoir même si le conflit israélo-palestinien a engendré beaucoup de haine et de ressentiment. «Mes actions n’ont pas d’impact sur la politique israélienne, mais elles peuvent en avoir dans ma propre communauté.»