Il existe différentes façons d’initier les élèves du primaire au monde de l’art. La professeure Moniques Richard, de l’École des arts visuels et médiatiques, a développé au fil des ans une «pédagogie du projet artistique» qui fait appel à l’ensemble des matières scolaires.
Il s’agit pour les enseignants de choisir un thème – une proposition dans le jargon artistique – à partir duquel les élèves doivent non seulement développer leurs connaissances et leurs habiletés en art, mais aussi en français, en sciences humaines, en sciences naturelles, en mathématiques, etc. «C’était l’application des compétences transversales bien avant l’avènement de la réforme», souligne Mme Richard.
La chercheuse s’intéresse en effet à la pédagogie du projet artistique depuis le milieu des années 1990, alors qu’elle menait des recherches dans une école primaire alternative de Longueuil. Elle se rappelle d’une année où le thème était le milieu de vie des animaux. Les élèves devaient d’abord dresser une «carte d’exploration» regroupant plusieurs mots ou notions liés au thème choisi. «Pour initier les élèves à la notion artistique du rapport entre la forme et le fond, la carte d’exploration avait pris la forme d’une toile d’araignée», raconte-t-elle.
Le cadre flexible de l’école alternative permettait d’offrir des ateliers thématiques, des ateliers techniques, des séances d’éveil à la réflexion critique sur l’art, des sorties culturelles et d’élaborer des projets de création individuels ou collectifs. Le défi de Moniques Richard a été de transposer la pédagogie du projet artistique à l’enseignement régulier, plus contraignant en termes de périodes allouées à l’enseignement des arts. Elle y est parvenue en réduisant le processus à trois phases : l’exploration d’une proposition, l’élaboration d’un projet, puis sa diffusion.
Grâce à une subvention du CRSH, plusieurs stagiaires et étudiants de deuxième et troisième cycles sous sa supervision ont accompagné les enseignants qui souhaitaient tenter l’expérience, tant au primaire qu’au secondaire. Cela a bien fonctionné, à tel point que Moniques Richard a par la suite mis sur pied trois propositions : «Culture populaire et identité permutable», «Corps + machine» et «Corps et fictions technologiques». Pour chacune, elle a invité les enseignants qui le désiraient à développer des projets avec leurs élèves, puis à les lui soumettre. Des artistes ont également participé à ces projets, qui ont donné lieu à des expositions, notamment à la Galerie de l’UQAM et au Centre des sciences de Montréal. L’un des ouvrages de la chercheuse, La culture populaire chez les jeunes (Presses de l’Université du Québec), regroupe quelques-uns de ces projets, images à l’appui.
«La pédagogie du projet artistique est une approche ludique qui permet aux élèves de se sensibiliser à la démarche artistique, d’exercer graduellement leur autonomie et de développer leur sens critique», conclut Moniques Richard, qui poursuit actuellement ses travaux auprès d’enfants autistes.