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Organisateur en chef

Par Pierre-Etienne Caza

17 mars 2008 à 0 h 03

Mis à jour le 17 avril 2015 à 16 h 04

«À l’époque, personne ne me croyait quand que je disais que je gagnais ma vie comme organisateur d’événements», raconte en riant Jacques Renaud. Au cours des 30 dernières années, il a été organisateur, consultant, formateur et auteur en management événementiel. La Faculté des sciences humaines lui décerne son Prix Reconnaissance UQAM 2008 pour son impressionnante carrière et ses remarquables dons d’innovateur et de rassembleur.

Avant même d’avoir terminé son baccalauréat en travail social, obtenu en 1978, Jacques Renaud a été directeur d’un organisme communautaire, agent de groupe pour Jeunesse Canada Monde et agent de développement pour Tourbec, l’ancêtre d’Air Transat. «Je n’ai jamais oeuvré en travail social mais les notions que j’ai apprises m’ont permis de composer avec une foule de situations sur les plans personnel et professionnel», assure-t-il.

L’organisateur

C’est à travers la politique que s’amorce la carrière d’organisateur de Jacques Renaud, qui devient responsable des activités publiques du premier ministre René Lévesque, après avoir travaillé à la campagne de financement du Parti québécois à la fin des années 70. C’est lui qui a organisé la soirée des résultats du référendum, le 20 mai 1980, au Centre Paul-Sauvé. «Nous avions fait produire des dizaines de milliers d’étiquettes autocollantes avec l’inscription «Oui merci», que nous avions placées dans des filets au plafond, prêtes à tomber du ciel en cas de victoire, raconte-t-il avec émotion. C’était triste et décevant lorsque nous les avons finalement libérées dans la salle vide à 3 h du matin.»

Jacques Renaud quitte le bureau du premier ministre en 1982, pour donner un coup de main à Gilbert Rozon, qui démarre le Festival Juste pour rire, dont la première mouture s’appelait La Grande Virée. Il collaborera aussi avec Rozon quelques années plus tard pour mettre sur pied le volet de rue du festival, mais entre-temps, il aura été tour à tour directeur général de la programmation des célébrations du 450e anniversaire de la découverte de la Nouvelle-France (1534-1984), directeur de la (première) campagne à la chefferie de Pauline Marois en 1985, producteur délégué du Défilé de la Fête nationale en 1990 et viceprésident aux opérations des Fêtes du 350e anniversaire de Montréal en 1992. De l’organisation, il en mange! «C’est comme une drogue tellement ça génère d’adrénaline», confie-t-il.

L’aventure du cirque

Les festivités du 450e de la découverte de la Nouvelle-France, en 1984, constituent un point tournant dans sa carrière. Il a pour mandat non seulement d’établir la programmation dans les grandes villes, comme Montréal et Québec, mais aussi dans les régions. «Je cherchais un projet qui puisse être trimballé d’une région à l’autre lorsque j’ai appris qu’un gars de Baie-St-Paul projetait de monter un cirque original et sans animaux», raconte-t-il.

Guy Laliberté lui présente deux versions de son projet. La première, plutôt fade, respecte le budget prévu, soit 750 000 $. La version idéale, à 1,2 M$, comprend les bases du cirque que l’on connaît aujourd’hui, avec son chapiteau bleu et jaune. «Nous lui avons accordé le montant qu’il demandait, raconte M. Renaud. C’est ce déficit de 500 000 $ dans mon budget qui a permis la création du Cirque du Soleil!»

Quelques années plus tard, Jacques Renaud s’est joint au Cirque, à titre de conseiller en planification stratégique et développement organisationnel. Il a, par la suite, été directeur de la tournée Alegria au Japon et à Hong Kong, puis directeur du développement de la première tournée Asie-Pacifique. Depuis 2005, il est vice-président à la synergie créative. «Il s’agit de trouver un équilibre entre la liberté créative des artistes et les impératifs du management, tout en formant la relève», explique-t-il.

Le formateur

Jacques Renaud se dit touché par ce geste de reconnaissance de l’UQAM. Chargé de cours à la maîtrise en gestion de projet depuis 1996, c’est lui qui a développé la spécialisation en gestion de projets événementiels. «Je rêve d’en faire une concentration, dit-il. Ce serait le premier diplôme de deuxième cycle en management événementiel au Québec.»

Il a publié l’essentiel de son expertise dans un ouvrage intitulé Le management d’événement (Transcontinental, 2000) et a créé depuis peu l’Institut de l’événement, un centre de formation professionnelle. «Nous tentons de regrouper l’expertise québécoise et de documenter les savoirs dans le domaine, car il importe de former une nouvelle génération de spécialistes en organisation d’événements», conclut-il.