La direction de l’UQAM estime que le deuxième rapport du Vérificateur général jette un éclairage complet sur les principaux facteurs responsables des pertes financières encourues en raison d’une gestion déficiente des projets immobiliers des dernières années.
Ce rapport détaillé révèle avec précision que la communauté universitaire et son Conseil d’administration ont été trompés par les agissements, les omissions et l’inconduite de l’ancien recteur, son vice-recteur aux ressources humaines et aux affaires administratives et son directeur des investissements. Les nombreux manquements aux responsabilités d’administrateurs publics de ces anciens dirigeants et leur manque de respect pour le Conseil d’administration, maintenu dans l’ignorance des faits, ont clairement conduit aux dérives immobilières des projets du Complexe des sciences Pierre-Dansereau et de l’Îlot Voyageur. Ils ont, ce faisant, plongé l’UQAM dans une crise financière sans précédent. La direction de l’UQAM précise qu’aucune de ces personnes n’est aujourd’hui à l’emploi de l’Université.
Rappelons qu’avant l’intervention du Vérificateur général, au printemps 2007, la direction de l’UQAM avait rendu public un rapport qu’elle avait commandé à la firme KPMG sur le suivi des coûts et la reddition de comptes dans le dossier du Complexe des sciences Pierre-Dansereau. Ce rapport concluait déjà à des failles importantes dans la gestion et le suivi des travaux de ce complexe ayant conduit à des dépassements de coûts considérables. À la lumière de ces conclusions, la direction de l’UQAM avait offert toute sa collaboration au Vérificateur général.
Par ailleurs, l’UQAM a déjà demandé à ses procureurs d’examiner les recours possibles contre ces trois anciens gestionnaires de l’Université dans le cadre d’une analyse plus approfondie des constats et des conclusions du Vérificateur général.
La direction de l’Université a toutefois tenu à défendre l’intégrité des membres du Conseil d’administration au moment des faits, jugeant que ces derniers ont été tenus dans l’ignorance des dépassements de coûts par des évaluations trompeuses de la part de trois gestionnaires dont les responsabilités et les fautes sont clairement établies dans le rapport du Vérificateur général. Les membres du Conseil d’administration ont agi de façon responsable et avec célérité dès qu’ils ont été informés des faits à l’automne 2006.
RECOMMANDATIONS DU VÉRIFICATEUR GÉNÉRAL
Selon la direction de l’UQAM, ce deuxième rapport du Vérificateur général permettra tant à l’Université qu’à ses partenaires institutionnels de tirer les leçons qui s’imposent pour l’avenir afin d’éviter de nouveaux dérapages. La direction incitera le Conseil d’administration à étudier soigneusement les recommandations de ce rapport, notamment celles qui concernent directement sa gouvernance et à mettre en œuvre les actions nécessaires en plus de tout ce qui a déjà été fait. Elle tient toutefois à rappeler que les recommandations du Vérificateur général s’accordent parfaitement avec les initiatives de l’institution en faveur d’un resserrement de son cadre de gestion interne. C’est ainsi que depuis deux ans, l’UQAM a considérablement renforcé ses contrôles et amélioré ses règles et ses mécanismes de gouvernance. Parmi les nouvelles dispositions, il faut noter que le Bureau de vérification interne relève désormais directement du Comité de vérification du Conseil d’administration et non plus du recteur, qu’un nouveau directeur de la vérification interne a été embauché avec le mandat d’établir un plan quinquennal de vérification et que des ressources additionnelles ont été assignées à la réalisation de ce plan.
Par ailleurs, l’UQAM offre toute sa collaboration à l’Université du Québec et au ministère de l’Éducation du Loisir et du Sport afin de les assister dans l’application des recommandations que le Vérificateur général leur adresse directement et qui auront sans doute une incidence sur l’avenir de l’Université. L’UQAM est déjà à la disposition du MELS et de l’UQ pour œuvrer à la recherche de solutions afin d’assainir la situation financière de l’Université de façon à assurer sa pérennité et le respect de sa mission, tel que le stipule expressément la recommandation finale contenue dans le rapport du Vérificateur général.
FIN D’UNE TROP LONGUE SAGA
« Il faut souhaiter que la publication de ce rapport mette également fin à une période d’instabilité et d’incertitude qui a perturbé l’Université et mis en péril sa capacité de poursuivre sa mission. La publication de ce rapport tourne une page de notre histoire mais devrait également être l’occasion de lever l’hypothèque qui pèse depuis deux ans sur l’avenir de l’UQAM. Nous avons mis en place des politiques de gouvernance et de vérification plus transparentes, de manière à éviter la répétition d’une telle situation. Nous avons implanté un régime d’austérité budgétaire qui se prolongera jusqu’au retour à l’équilibre et même au-delà. Nous avons surtout compris qu’une gestion saine et rigoureuse de nos ressources, loin d’être une entrave, représente une condition incontournable pour la réussite de notre mission », d’affirmer le recteur de l’UQAM, M. Claude Corbo.
Le recteur de l’UQAM a tenu à insister sur le fait que la communauté de l’UQAM ne doit supporter aucune responsabilité collective dans la dérive immobilière de l’établissement, l’endettement et le fardeau financier qui en découlent. « La communauté serait traitée totalement injustement si elle devait être appelée à payer les conséquences de cette dérive. Les représentants des professeurs, des employés de soutien et de certaines associations étudiantes ont, notamment en 2005, soulevé des questions sur divers aspects des projets immobiliers sans pouvoir obtenir de réponse claires. L’obligation commune à l’ensemble de la collectivité de l’UQAM devrait uniquement être celle qui incombe à toutes les universités, soit de résorber le déficit attribuable aux choix de gestion dans l’organisation et le fonctionnement de la vie académique et à s’assurer d’atteindre un état permanent d’équilibre budgétaire et ce, dans l’intérêt général de la communauté », de poursuivre M. Corbo.
URGENCE DE RÉTABLIR LA SITUATION FINANCIÈRE DE L’UQAM
La direction de l’Université estime par ailleurs que la publication des deux rapports du Vérificateur général relatifs à l’UQAM complète une enquête exhaustive sur tous les événements et les acteurs reliés à la dérive immobilière des dernières années. L’Université et ses partenaires doivent dorénavant passer à l’étape cruciale des solutions à mettre en œuvre pour sortir l’UQAM de l’impasse financière, en y consacrant toutes les énergies possibles.
Le premier rapport du Vérificateur général publié en novembre 2007 analysait avec pertinence le lourd impact des pertes immobilières sur la situation financière de l’UQAM et concluait que cette dernière ne pourrait arriver seule à surmonter la crise financière. Sans ressources additionnelles, le poids des dettes et des charges qui y sont associées entraverait le fonctionnement de l’Université et reviendrait à étouffer son développement. C’est pourquoi la fin de l’enquête conduite par le Vérificateur général doit déboucher sur une période de mobilisation et de relance dans laquelle tous ceux qui ont une influence et une responsabilité en regard de l’avenir de l’UQAM doivent agir sans délai.
L’UQAM a déjà commencé à faire sa part en instaurant un régime de rigueur budgétaire qui lui a d’ailleurs permis de devancer son objectif en matière de déficit d’opération comme en témoignent les résultats de l’an 1 du Plan de redressement mis en œuvre en juin 2007 et le budget provisoire d’opération 2008-2009 approuvé par le Conseil d’administration le 20 mai dernier. Si l’on exclut les frais financiers, l’Université serait en mesure de ramener le déficit anticipé d’opération de 4,4 millions de dollars à 900 000 dollars au cours du prochain exercice qui s’amorce le 1er juin 2008.
L’ensemble des unités académiques et administratives s’est imposé de lourds sacrifices pour arriver à ce résultat. À titre d’exemple, le renouvellement de la convention collective avec le Syndicat des chargées, chargés de cours de l’UQAM (SCCUQ) le 9 mai dernier s’est fait en conformité avec la politique salariale gouvernementale et prévoit une contribution significative de ce syndicat au titre du redressement financier de l’Université d’ici à 2011.
L’UQAM ne pourra cependant appliquer pleinement toutes les mesures contenues dans le plan de redressement déposé en mars dernier à la ministre de l’Éducation, du Loisir et du Sport tant et aussi longtemps qu’un règlement global de l’impasse financière provoquée par la dérive immobilière n’aura pas été proposé par le gouvernement. C’est le cas de mesures qui impliquent des tiers comme les syndicats, les associations, l’UQ et le MELS.
APPEL AU GOUVERNEMENT DU QUÉBEC
Selon la direction de l’UQAM, l’engagement du gouvernement de prendre en charge les frais de l’Îlot Voyageur doit enfin devenir une réalité qui fait partie du règlement des dettes qu’elle ne peut assumer. C’est le cas notamment des séquelles financières du Complexe des sciences Pierre-Dansereau. Ces investissements sont essentiels pour réduire un fardeau financier insoutenable et poursuivre la tâche d’assainissement des finances de l’Université avec pour objectif, le retour à l’équilibre financier.
Le recteur de l’UQAM a tenu à saluer l’ouverture manifestée le 4 juin 2008 par la ministre de l’Éducation sur ces questions lors de sa réaction publique au rapport du Vérificateur général. « J’ai noté que la volonté ferme de la ministre de résoudre l’impasse financière de l’Université coïncide avec la nôtre en plus de viser le même horizon, c’est-à-dire la rentrée de l’automne 2008. Nous pourrons alors pour citer la ministre, retrouver notre fierté, rétablir notre réputation et nous employer à faire de l’UQAM un pôle d’excellence », de préciser M. Corbo.
Par ailleurs, le recteur Corbo estime que le gouvernement devrait également verser les subventions conditionnelles de l’ordre de 65 millions de dollars qu’il retient encore. L’UQAM a fait la preuve qu’elle est engagée depuis deux ans dans un processus rigoureux de retour à l’équilibre financier et qu’elle ne mérite plus d’être privée de ces sommes importantes. Le non versement de ces subventions entraîne des déboursés d’intérêts qui représentent des montants importants que l’Université pourraient utiliser plus judicieusement.
« L’UQAM lance donc un appel non seulement au gouvernement du Québec, mais également à tous les partis d’opposition et à l’Université du Québec afin qu’ils mettent leurs efforts en commun dès maintenant pour trouver une véritable sortie de crise à l’Université. Ils permettront ainsi à l’UQAM de remplir pleinement sa mission de former les générations futures dans des conditions qui l ‘assurent de réussir et de contribuer au développement du Québec. Après deux années de turbulences et d’incertitude, notre communauté universitaire a désormais besoin de stabilité pour poursuivre ce qu’elle fait de mieux : enseigner, former, chercher et créer », de conclure M. Corbo.
NOTE : Le texte complet de la réaction de la direction de l’UQAM est disponible à l’adresse suivante : www.uqam.ca/situationfinanciere/reaction.htm
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