«Le rôle des agences d’aide humanitaire va bien au-delà de la gestion des famines et de l’intervention en cas de sinistre naturel. L’aide humanitaire est une arme d’interposition qui peut s’avérer efficace dans la gestion des conflits, notamment les conflits civils.» C’est ce que soutiennent Max Blouin et Stéphane Pallage, deux professeurs du Département des sciences économiques de l’ESG UQAM, qui viennent de publier un article dans le prestigieux Journal of Conflict Resolution de la Peace Science Society. Établie en 1963, la Peace Science Society, encourage la recherche scientifique dans le domaine de la gestion des conflits.
Lorsqu’elles interviennent dans des zones de conflits, les agences d’aide humanitaire doivent immanquablement interagir avec des chefs de guerre qui s’approprient une partie de l’aide destinée à la population. Il est souvent impossible d’aider sans payer de taxe aux chefs de guerre. Ceux-ci contrôlent en effet les aéroports et les autres ports d’entrée. Les agences d’aide humanitaire reconnaissent souvent l’extorsion comme un coût d’intervention incontournable, au même titre que le transport des vivres. L’étude de Blouin et de Pallage démontre qu’on peut utiliser l’appât du gain des chefs de guerre de manière stratégique et en arriver à minimiser l’intensité des conflits. Les auteurs proposent de concevoir l’aide humanitaire dans une stratégie globale de politique internationale.
***