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Les dessous du Bouclier canadien

Par Anne-Marie Brunet

14 octobre 2008 à 0 h 10

Mis à jour le 17 avril 2015 à 15 h 04

Bien peu de gens savent ce qui se cache sous le sol qu’ils foulent lorsqu’ils se baladent dans un des sentiers du parc du Mont-Tremblant ou quand ils dévalent une pente de ski de la région. C’est ce qu’ont pu découvrir une vingtaine de géologues en herbe lors d’une excursion au Mont-Tremblant.

J’ai participé à cette aventure d’un jour avec ma fille de 15 ans et son grand-père. Nous avions rendez-vous dans le hall du pavillon Président-Kennedy à 8h du matin le dernier dimanche de septembre. La journée s’annonçait couverte, mais l’animateur Normand Goulet, professeur au Département des sciences de la Terre et de l’atmosphère de l’UQAM, nous promettait un festival de couleurs dans les Laurentides. Cette sortie géologique avait pour but de nous faire découvrir pourquoi la région est montagneuse, de quoi est composé le Bouclier canadien, quelles roches le forment, etc. Les participants étaient invités à faire des manipulations avec loupes et marteaux de géologues.

Sophie Malavoy, directrice du Centre des sciences, était du voyage ainsi que la vulcanologue Hélène Gaonac’h, professeure associée au Centre de recherche en géochimie et géodynamique (GÉOTOP-UQAM-McGill) et le fils de M. Goulet, François, étudiant à la maîtrise en sciences de la Terre et de l’atmosphère. Ces personnes, toutes bénévoles, ont pu apporter de précieux compléments d’information aux explications du professeur Goulet et répondre aux questions quand celui-ci était occupé ailleurs.

Le groupe formé de gens de tous âges, aux professions variées, voyageaient dans deux minibus qui effectuaient des arrêts multiples sur le bord des routes pour observer de près des formations géologiques. Avant d’arriver à Saint-Donat, notre première destination, nous savions déjà ce qu’était cette province géologique appelée Grenville dont la formation remonterait à un milliard d’années. Avant qu’elle ne s’érode, c’était une énorme chaîne de montagnes, nous a expliqué notre guide. Elle comprend les Laurentides, s’étend jusqu’à Terre-Neuve et descend jusqu’au Mexique et en Amérique du sud. Elle plonge ensuite sous les océans pour rejoindre les pays scandinaves, nous a-t-on expliqué.

Après un pique-nique au bord du lac Archambault, nous nous sommes dirigés, cette fois, vers la municipalité de Lac-Supérieur, notre destination finale, en passant par la nouvelle route panoramique. Aux cours des deux ou trois arrêts que nous avons encore effectués, nous avons appris à faire la distinction entre les roches sédimentaires, ignées et métamorphiques. Nous avons aussi développé nos sens : vision, parce que les roches ont différentes couleurs, odorat, parce que lorsqu’on les casse les pierres ont une odeur, toucher, parce qu’elles sont tantôt lourdes, tantôt légères, poreuses, friables ou, au contraire, très dures. Normand Goulet nous a aussi initié aux propriétés physiques des roches en nous invitant à observer les réactions chimiques provoquées par de l’acide.

Qu’est-ce qui a amené le professeur Goulet à piloter cette excursion? «J’adore m’adresser au public, faire connaître et démystifier la complexité scientifique de la géologie, attirer les jeunes aussi. Je sais qu’en intéressant les familles, les parents et les grands-parents, je contribue à véhiculer l’idée que les sciences, ce n’est pas si compliqué.»

Les trois autres excursions géologiques annoncées à l’automne par le Coeur des sciences sont déjà complètes. Sophie Malavoy promet qu’il y en aura d’autres au printemps et M. Goulet, enthousiaste, annonce qu’il renouvellera l’expérience. Il y aura aussi, poursuit Mme Malavoy, d’autres types de sorties, en écologie forestière et en écologie aquatique. À surveiller sur le site du Coeur des sciences.