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À la défense de la planète Terre

Par Marie-Claude Bourdon

14 avril 2008 à 0 h 04

Mis à jour le 17 avril 2015 à 15 h 04

C’est un petit choc de ne plus avoir une secrétaire qui s’occupe de remplir votre agenda de la journée», avoue Michel Jébrak avec un sourire. Mais l’ex-vice-recteur à la recherche et à la création n’a pas l’air d’un homme qui s’ennuie. Redevenu, depuis le 8 mars, simple professeur au Département des sciences de la Terre et de l’atmosphère, son laboratoire est envahi par le matériel de recherche des étudiants qu’il a toujours continué de superviser, dont Guillaume Matton, avec qui il a publié un article dans la prestigieuse revue internationale Geology, en 2005. «Il vient de terminer son doctorat», m’annonce fièrement son directeur de recherche.

À côté de ses activités académiques (il publie cet automne un gros ouvrage de référence, le premier du genre en français, intitulé Géologie des ressources minières), Michel Jébrak a un autre projet qui va l’occuper pour les mois à venir : il est responsable, pour le Québec, de l’organisation des activités visant à souligner l’Année Internationale de la Planète Terre, dont le lancement officiel aura lieu le 22 avril prochain, Jour de la Terre. «Il s’agit d’une initiative de l’Union internationale des sciences géologiques et de l’UNESCO», explique Michel Jébrak, qui agit dans cette organisation à titre de membre du Comité national canadien pour l’Année Internationale. «Son objectif est de mieux sensibiliser le public à l’importance de comprendre la Terre pour mieux la protéger.»

Un rôle social majeur

Les géosciences jouent un rôle majeur dans notre société, souligne le professeur. L’exploitation des ressources naturelles nécessite leur contribution, de même que l’évaluation des risques naturels et l’évaluation de l’impact des activités humaines sur l’environnement. Les géosciences sont aussi responsables de la production de nouvelles connaissances sur l’état et l’évolution de notre planète au sein de l’Univers. «Les satellites ont changé notre façon de voir la Terre, dit Michel Jébrak. On s’est rendu compte qu’on était tous dans le même bateau et, en même temps, de la fragilité du vaisseau.»

Parmi les thèmes définis à l’échelle internationale pour souligner l’Année de la Terre, l’organisation canadienne en a retenu cinq : l’environnement, l’eau, les ressources, les risques naturels et l’énergie. Les activités se présentent pour leur part en deux volets. Un premier volet, qui s’adresse aux scientifiques eux-mêmes, vise à les convaincre de faire un effort dans la transmission et la vulgarisation de leurs connaissances. Ainsi, des activités sont prévues lors de congrès scientifiques comme celui de l’ACFAS et celui de l’Association géologique du Canada, qui se tiendra à Québec en mai prochain.

Activités grand public

Le deuxième volet regroupe les activités destinées au grand public et aux jeunes. Un livre racontant l’histoire de la Terre, Quatre milliards d’années d’histoire, vient d’être réalisé et sera diffusé à large échelle. Dans le même esprit, un sentier géologique sur l’histoire de la Terre a été aménagé à Waterloo, en Estrie, et d’autres le seront bientôt. «Sur ce sentier de 4,5 kilomètres, chaque kilomètre représente un milliard d’année et chaque mètre, un million, explique Michel Jébrak. C’est assez frappant, quand on le parcourt au complet, de s’apercevoir que l’homme apparaît seulement dans les trois derniers mètres.»

Parmi les activités grand public, on prévoit aussi organiser une balade à travers Montréal pour découvrir les vieilles pierres utilisées dans l’architecture. Une table ronde clôturant une série de conférences tenues dans le cadre de l’ACFAS sera diffusée à l’émission Le code Chastenay, de Télé-Québec. Une activité organisée au Coeur des sciences, en collaboration avec le GÉOTOP, portera sur les liens entre les arts et les sciences de la Terre. Une exposition sera présentée au Vieux-Port de Montréal dans le cadre du Festival pour les jeunes Eurêka, des sites Web seront mis sur pied et on compte s’associer avec des écoles secondaires et des cégeps pour proposer des activités visant à susciter l’intérêt des jeunes pour les géosciences.

Pénurie de géoscientifiques

«On fait face, au Canada, à une pénurie de géoscientifiques qualifiés, dit Michel Jébrak. C’est un phénomène qui n’est pas propre à chez nous et que l’on observe à l’échelle internationale. » L’Année internationale a donc aussi pour but de contribuer à augmenter les effectifs en sciences de la Terre dans les universités, en exposant les jeunes à diverses facettes des géosciences. «Ce sont des métiers extraordinaires, dit le professeur avec enthousiasme. Cela permet de voyager, d’aller dans le désert, dans la forêt tropicale, dans la taïga, d’être sur le terrain et, en même temps, d’avoir la tête dans les nuages parce qu’on essaie de reconstituer l’histoire de la Terre. Je souhaite que plein de jeunes se découvrent une passion pour les géosciences.»