Le monde virtuel fait rêver les amateurs de nouvelles technologies depuis le milieu des années 1980, mais il ne se laisse pas conquérir facilement. Les informaticiens ont beau tenter de simuler en trois dimensions des environnements réels ou imaginaires, sons et sensations tactiles à l’appui, les résultats sont souvent décevants.
La réalité virtuelle ne souffre pas la comparaison avec le monde réel. Les concepteurs ne se découragent pas pour autant et ne cessent de s’approcher du but. Le projet SCORE, dirigé conjointement par trois professeurs du Département d’informatique de l’UQAM, de la Téluq et de l’École de technologie supérieure, a permis de faire un pas de géant vers la conquête du monde virtuel.
Grâce à une subvention de 5 millions $ de la Fondation canadienne pour l’innovation (FCI), l’équipe a mis en place un réseau informatique ultra-performant entre l’UQAM, l’ÉTS, quelques hôpitaux québécois – dont l’Hôpital Notre-Dame – et des universités étrangères, notamment l’École Polytechnique de Lausanne. «Il s’agit d’un réseau à large bande, beaucoup plus puissant qu’une connexion Internet, précise Roger Nkambou, membre de l’équipe et professeur au Département d’informatique. Il permet d’échanger des données à très haut débit, comme des vidéos de grande qualité.»
Le réseau SCORE (environnement distribué de Soutien aux communautés de recherche scientifique, virtuelles et internationales et à leur relève) a été mis sur pied pour faciliter le développement d’activités de formation où le maître et les élèves sont géographiquement éloignés. Grâce à des systèmes de caméras et de miroirs installés autour de certains postes d’usagers, chaque participant est projeté dans l’environnement virtuel à l’échelle réelle. Le résultat est étonnant. De quoi faire pâlir d’envie les concepteurs de jeux vidéo! «On a vraiment l’impression de se retrouver ensemble dans la même pièce, souligne le professeur Nkambou. On a réussit à créer l’illusion d’une réelle proximité, où l’on peut s’approcher de son interlocuteur à 1,20 m de distance. Tout ce qui manque, c’est de pouvoir toucher ses collègues!»
Roger NKambou travaille présentement à la mise au point d’aides virtuels qui pourront guider les usagers dans leur apprentissage. «Avec les caméras, on peut capter les expressions faciales de l’apprenant. D’autres systèmes peuvent capter ses signes vitaux (pouls, mouvement des yeux, etc.). En combinant ces données avec l’évolution de l’apprentissage, le système arrive à déduire l’état d’esprit de l’élève. Le coach virtuel, auquel on peut donner des traits humains si on le désire, ajuste ses stratégies pédagogiques en conséquence. Il peut aussi exprimer des émotions, au besoin.»
Parmi les publics cibles, on vise, par exemple, des étudiants en médecine éloignés géographiquement, qui pourraient analyser des images médicales et exercer leur sens diagnostique, guidés par un coach virtuel. «Ce sera aussi vrai que si ces étudiants étaient réunis dans une même classe, manipulant ces images sous la supervision d’un enseignement humain», promet le professeur.