Christian Agbobli ne croit pas au déterminisme technologique, mais il est convaincu que les outils de communication peuvent constituer un facteur de progrès social. Jeune professeur au département de communication sociale et publique, il est le principal organisateur du colloque intitulé «Communication et changement social. Les sphères théoriques, technologiques, médiatiques et francophones» qui se tiendra au Centre Sheraton à Montréal le 22 mai prochain, dans le cadre du congrès annuel de l’Association internationale des communications.
Une quinzaine de professeurs de la Faculté de communication participeront à ce colloque qui réunira au total près de cinquante chercheurs provenant d’Europe et d’Afrique. «L’objectif, dit M. Agbobli, est de rassembler des chercheurs issus de divers horizons géographiques et culturels, francophones en particulier, qui veulent réfléchir sur le rôle de la communication comme outil de changement social et d’expression citoyenne. Nous souhaitons aussi que l’événement permette de tisser des liens et de générer des projets de recherche communs.»
De nouveaux usages sociaux
Radios communautaires ou associatives des années 1970 et 80, Internet, téléphones mobiles… les expériences anciennes et nouvelles d’appropriation citoyenne des technologies de la communication seront au centre de plusieurs ateliers de discussion.
Le développement des usages sociaux des technologies mobilise en effet l’attention de nombreux chercheurs, et pas seulement dans les pays les plus avancés, observe M. Agbobli. Ainsi, dans le monde arabe, la télévision par satellite favorise l’émergence d’espaces publics régionaux, tandis que certaines chaînes religieuses contribuent à l’avènement d’un Islam moderne. En Afrique, la multiplication de cybercafés dans certains pays suscite la création de réseaux de communication et de lieux de retrouvailles pour les communautés locales. «Certes, la fracture numérique entre les pays du Nord et du Sud persiste, souligne M. Agbobli, mais les préoccupations des chercheurs ne concernent plus uniquement les inégalités en matière d’équipements et d’infrastructures.»
Le colloque sera aussi l’occasion de rappeler la vitalité des recherches en communication dans la francophonie, poursuit M. Agbobli. «Les faits d’armes des chercheurs francophones ne sont pas suffisamment connus, ditil. La Faculté de communication de l’UQAM est une des plus importantes au Canada et plusieurs de ses chercheurs ont été des pionniers dans le domaine. Autre exemple, le Centre d’études en sciences et techniques d’information et de la communication au Sénégal a formé pendant des décennies la plupart des journalistes et communicateurs africains.»
Spécialiste de la communication interculturelle, Christian Agbobli s’intéresse au rôle des médias dans la construction des identités. Il présentera d’ailleurs une communication sur la couverture médiatique des forums régionaux organisés par la Commission Bouchard-Taylor, en 2007.