Un enfant montréalais sur trois fait son entrée à la maternelle dans un état de vulnérabilité qui pourrait compromettre son développement scolaire, sa santé et son bien-être futurs. C’est ce que révélait récemment une grande enquête réalisée par la Direction de la santé publique de Montréal. Cette vulnérabilité aurait plusieurs visages.
Pour certains, ce sont la confiance en soi et l’autonomie qui feraient défaut, alors que pour d’autres, ce serait le développement cognitif et langagier. La professeure Christa Japel du Département d’éducation et formation spécialisées croit que les garderies peuvent favoriser le développement du langage et de la motricité, et contribuer à la socialisation des bambins avant leur arrivée à l’école. «Mais encore faut-il que ces services soient accessibles et de grande qualité», souligne celle qui a publié, avec sa collègue Nathalie Bigras, un ouvrage collectif intitulé La qualité dans les services de garde éducatifs à la petite enfance.
La qualité passe par la formation
En 2005, un milieu de garde sur quatre au Québec affichait une qualité de service de niveau bon, très bon ou excellent et près d’un milieu sur huit posait un risque pour la santé et la sécurité des enfants. «La situation ne s’est pas améliorée depuis, à cause notamment des compressions budgétaires, affirme Mme Japel. Les CPE dits en installation et en milieu familial, garderies à but non lucratif, offrent toutefois de meilleurs services que les garderies privées. Dans les CPE, les éducatrices sont plus nombreuses à avoir suivi une formation et sont mieux armées pour répondre aux besoins des enfants.»
«Un coaching pour la qualité» est le titre d’un projet pilote de formation sur mesure que Christa Japel réalisé pour des CPE situés dans les Cantons-de-l’Est. «L’objectif du programme était d’augmenter les compétences des éducatrices, lesquelles jouent un rôle central dans l’établissement d’un milieu éducatif de qualité. » L’expérience a si bien réussi que le projet a été adopté par d’autres CPE dans différentes régions. La chercheuse travaille également à former des gens qui offriront à leur tour des services de formation à des éducatrices. «La formation continue est essentielle si on veut maintenir la qualité des services dans les garderies.»
Tous les enfants devraient avoir accès à des services de garde de qualité, soutient Christa Japel. C’est bien connu, malheureusement, les enfants des milieux défavorisés sont ceux qui fréquentent le moins les services de garde. «Pour leurs parents, dépenser 7 $ par jour pour une garderie, c’est beaucoup. Ils se débrouillent en confiant leur enfant à des parents, des amis ou des voisins. Mais la qualité du service n’est pas nécessairement au rendez-vous, poursuit-elle. Auparavant, les tarifs étaient établis en fonction des revenus des familles et les plus pauvres recevaient une aide financière. C’était peut-être plus équitable que les tarifs uniformes actuels.»
«Il faut faire comprendre aux gouvernements qu’investir dans un réseau universel de garderies à but non lucratif, c’est investir dans l’avenir.»