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Implication citoyenne

Par Pierre-Etienne Caza

28 avril 2008 à 0 h 04

Mis à jour le 17 avril 2015 à 15 h 04

La Faculté de communication décerne son Prix Reconnaissance UQAM 2008 à l’auteur, journaliste, chroniqueur, fondateur et directeur général de l’Institut du Nouveau Monde, Michel Venne, pour son exceptionnel engagement dans la société québécoise et pour son important apport aux débats d’opinion. Pourtant, le principal intéressé a failli ne jamais étudier à l’UQAM, puisqu’il avait d’abord été refusé au baccalauréat en communication! «Il existait heureusement une procédure d’appel, se rappelle Michel Venne. Le comité qui m’a finalement admis était composé d’un professeur et d’un étudiant. Il s’agissait de Pierre Bourgault dont j’ai adoré les cours par la suite et de Guy A. Lepage.»

Michel Venne a amorcé ses études à l’UQAM en 1979, en même temps que sa carrière de reporter dans des médias communautaires, ce qui l’a forcé à étudier quelques années à temps partiel. «Mon dernier travail de session du baccalauréat, je l’ai envoyé par télécopie de la colline Parlementaire à Québec, où j’étais correspondant pour la Presse canadienne», raconte-t-il.

Après l’obtention de son diplôme, Michel Venne passe au Devoir, toujours à titre de correspondant parlementaire à Québec. «J’ai été en poste de 1990 à 1999, ce qui m’a permis de couvrir l’échec de l’Accord du lac Meech, le référendum de Charlottetown, la Commission Bélanger-Campeau, la création du Bloc québécois et le référendum de 1995. Je suis devenu par la force des choses un spécialiste de la politique québécoise.»

En 1996, il est nommé éditorialiste au Devoir, tout en poursuivant son travail de chroniqueur à Québec. «C’était assez inusité, car je recueillais les propos des politiciens pour mes articles et je pouvais les commenter le lendemain dans un éditorial, dit-il en riant. J’ai dû être vigilant pour ne pas confondre les genres et préserver la relation de confiance que j’entretenais avec les politiciens.»

Pour Michel Venne, écrire un éditorial, ce n’est pas fait pour se défouler, mais bien pour énoncer des opinions qui contribuent à faire avancer le débat public. Il faut selon lui fournir aux lecteurs matière à réflexion et aux gouvernements des idées fortes, qui les aident à mieux gouverner. C’est ce devoir de responsabilité qui l’a mené à la création de l’INM.

L’Institut du Nouveau Monde

Le journalisme est un métier extraordinaire, insiste Michel Venne, qui a également été rédacteur en chef adjoint au Devoir, puis directeur de l’information et collaborateur externe. «Quand on souhaite faire avancer les choses, informer ne suffit pas, dit-il. Il faut rassembler les gens, débattre et proposer des solutions.»

C’est ce que s’emploie à faire depuis 2002 l’Institut du Nouveau Monde (INM), qui organise des activités pour les jeunes et pour le grand public. Son École d’été, par exemple, qui a lieu à l’UQAM depuis 2004, est un immense succès. «Nous rassemblons les jeunes pendant quatre à cinq jours et nous leur faisons rencontrer des personnalités inspirantes de divers milieux, autant de gauche que de droite, explique M. Venne, directeur de l’INM depuis sa création. Ils participent à des tables-rondes, proposent des idées que nous rassemblons et nous publions. C’est toujours dans l’optique d’une prise de parole citoyenne et d’une plus grande responsabilisation.»

Les Rendez-Vous stratégiques, autre volet de l’INM, consiste en des forums d’échanges sur un sujet de société. «Notre formule est simple : informer, débattre et proposer», explique Michel Venne, qui ajoute que contrairement aux think tank habituels, l’INM n’a pas la prétention de dire aux gens ce qu’il faut penser. «Nous fournissons aux participants toute l’information nécessaire, nous animons les débats et nous nous engageons à transmettre les propositions qui en émanent au gouvernement», précise-t-il. Sa participation récente au Groupe de travail sur le financement du système de santé était reliée au Rendez-vous stratégique de 2005 qui portait sur la santé. «J’y suis allé pour représenter les idées des participants de l’INM tout autant que les miennes», dit-il.

Un des meilleurs entrepreneurs sociaux

«Je suis très fier du prix qui m’est remis par l’UQAM, car je le vois comme un appui à l’Institut du Nouveau Monde», dit Michel Venne, qui a été admis récemment à titre de fellow de la fondation Ashoka, une fondation philanthropique qui repère les meilleurs entrepreneurs sociaux du monde, les met en réseau et leur donne les moyens de développer et d’exporter leurs idées. «C’est la preuve que l’expertise de l’Institut rayonne au-delà de nos frontières, dit-il. Nous souhaitons maintenant élargir la participation à nos activités en rejoignant des gens de différents horizons, toujours avec le même objectif : donner aux gens le goût de s’engager et de participer au débat public.»