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Gérer en innovant

Par Marie-Claude Bourdon

4 février 2008 à 0 h 02

Mis à jour le 17 avril 2015 à 16 h 04

Reconnu par son prédécesseur, Gilles Gauthier, comme un grand développeur et un homme d’idées, le nouveau doyen de la Faculté des sciences croit que «l’innovation ne devrait pas être réservée à la recherche scientifique.» Yves Mauffette, c’est celui qui a mis sur pied à l’UQAM le baccalauréat en biologie fondé sur l’apprentissage par problèmes (APP). Vice-doyen aux études depuis cinq ans, cet entomologiste qui se passionne pour les insectes phytophages a appris à connaître tous les rouages de la machine académique. «C’est toujours un défi de prendre les rênes d’une faculté, souligne-t-il, mais c’est peut-être un défi plus grand pour moi à cause de la situation budgétaire de l’UQAM.»

Selon Yves Mauffette, il est trop tôt pour dire avec précision quelle sera la nature des changements qui devront être apportés à l’organisation de la Faculté. «Les grandes orientations, que ce soit au niveau de la structure de recherche ou des programmes, doivent venir de la base, insiste-t-il. Mais une chose est sûre, il faudra faire le ménage nécessaire pour devenir plus fonctionnel.»

Le défi du génie

Parmi les autres défis évoqués par le nouveau doyen figure celui du génie. Un premier programme en génie microélectronique accrédité par le Bureau canadien d’accréditation des programmes d’ingénierie ne fait pas de l’UQAM une école reconnue d’ingénieurs. Pour attirer les cégépiens, devrait-on développer de nouveaux programmes de premier cycle? Il n’en est pas encore question. Par contre, on envisage des programmes de cycles supérieurs et on souhaiterait établir des partenariats avec d’autres écoles.

Au cours des dernières années, la Faculté des sciences a connu des baisses d’inscriptions dans plusieurs de ses programmes de premier cycle, sauf celui d’actuariat, qui connaît une hausse. «En informatique, la chute a été catastrophique depuis l’éclatement de la bulle technologique en l’an 2000, mais c’est un phénomène mondial, observe le doyen. On devrait assister à une reprise dans ce domaine, puisqu’il commence à manquer d’informaticiens sur le marché du travail.»

En sciences biologiques, en chimie, en mathématiques, la demande fluctue énormément. «Nous n’offrons pas de programmes dans le secteur biomédical, note Yves Mauffette. Notre force, c’est d’avoir un groupe de chercheurs en sciences fondamentales. Or, les formations en sciences fondamentales sont peut-être moins attrayantes que celles qui mènent directement à une profession.»

Des maîtrises professionnelles?

Par contre, les inscriptions aux cycles supérieurs se portent bien et c’est de ce côté qu’Yves Mauffette entrevoit les perspectives de développement les plus intéressantes pour la Faculté des sciences. Déjà, presque le quart des étudiants de la Faculté sont inscrits aux cycles supérieurs, qui génèrent 40 % des subventions reçues du ministère de l’Éducation. «Plutôt que de développer de nouveaux programmes de baccalauréat dans des secteurs où nous n’avons pas de bases, il serait peut-être plus intéressant de créer de nouvelles maîtrises professionnelles, en plus des maîtrises de recherche. Par exemple, on pourrait imaginer une maîtrise sur l’eau, qui permettrait à un chimiste ou à un biologiste d’obtenir une formation qui aborderait la législation, la réglementation, les risques et la gestion de projet dans le domaine de l’eau. On formerait ainsi un professionnel doté de nouveaux outils et de nouvelles compétences. Ça existe déjà aux États-Unis.»

Yves Mauffette est partisan d’une formation qui permet à l’étudiant de développer toutes sortes d’habiletés, afin d’être «le plus adaptable possible sur le marché du travail». Ce n’est pas seulement le doyen mais aussi le biologiste qui parle quand il dit qu’on ne doit pas changer pour changer, ni même pour être meilleur. «Du point de vue de la sélection naturelle, on change pour survivre dans son environnement.»

Compétences et perspectives d’avenir

Travail en équipe, coordination, recherche documentaire : voilà les habiletés que doit posséder le biologiste de l’avenir, croit le créateur du programme d’APP. «Aujourd’hui que tout le monde est branché sur Internet, le problème n’est pas l’acquisition de connaissances, dit-il, mais de savoir gérer ces connaissances et d’exercer son esprit critique. Quand on crée des programmes, on ne les crée pas pour aujourd’hui. On les crée pour demain.»

Lors de la journée Portes ouvertes du 2 février, Yves Mauffette a prononcé une conférence à l’intention des aspirants étudiants en sciences. «Je voudrais leur suggérer que le choix d’étudier en sciences ouvre toute une série de portes, confie-t-il en entrevue. Avec une formation scientifique, on peut devenir gestionnaire de parc national, vendeur pour une entreprise pharmaceutique ou vulgarisateur. Un chimiste n’est pas condamné à travailler dans un laboratoire toute sa vie et un biologiste aura d’autres options que de se promener en hélicoptère pour compter des caribous!»