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Enfants immigrants: un tremplin pour la maternelle

Par Marie-Claude Bourdon

31 mars 2008 à 0 h 03

Mis à jour le 17 avril 2015 à 16 h 04

Des recherches menées par une chercheuse de l’UQaM montrent que les enfants nés de parents provenant de pays en développement sont particulièrement à risque de souffrir de carences lors de leur entrée à la maternelle.

«En comparaison des autres enfants d’un même secteur, ces enfants souffrent, dès l’âge de trois ou quatre ans, de retards dans leur développement, que ce soit, par exemple, au niveau des mesures de fonctionnement intellectuel ou des habiletés langagières», affirme Marie-CLaude Guay, professeure au Département de psychologie.

Lorsque ces différences ont été observées, certains chercheurs ont émis l’hypothèse qu’une fois à l’école québécoise, ces enfants rattrapaient leur retard. «Mais une autre étude conduite avec des enfants de cinquième et sixième années nous a montré qu’ils présentaient les mêmes retards que les tout petits», précise la chercheuse. Selon elle, inutile de se voiler la face : certains enfants n’ont pas les mêmes chances de réussir à l’école que les autres. «On ne parle pas de l’ensemble des enfants immigrants, dit-elle, mais d’une souspopulation d’enfants dont les parents proviennent de pays en développement et qui, selon nos résultats, présentent plusieurs difficultés qui permettent de prédire des problèmes d’apprentissage à l’école.»

C’est pour tenter de renverser cette situation qu’elle a mis sur pied le programme « Égalité », pour lequel elle a reçu une importante subvention du Conseil canadien de l’apprentissage. Mené en collaboration avec l’organisme 1,2,3 GO!, ce programme vise à développer les habiletés de pré-lecture et de pré-écriture, l’attention et l’autorégulation des comportements ainsi que les compétences sociales de l’enfant.

«Les parents sont au coeur de la démarche, explique Marie-Claude Guay. Ainsi, dans une activité de lecture, le parent sera amené à stimuler son enfant pour lui faire découvrir la composition des mots par syllabes.» Le programme, qui dure 16 semaines, est conçu pour les enfants de 3 à 5 ans. Il comporte des ateliers pour les enfants et pour les parents, qui sont invités à poursuivre le travail à la maison. Les résultats seront évalués à la fin du programme afin de mesurer son impact.

Ce n’est pas l’appartenance à un groupe ethnique qui explique les difficultés des enfants immigrants, précise la chercheuse, mais bien les facteurs de risque liés à la monoparentalité, à la pauvreté, à la faible scolarisation des parents et à un réseau social extrêmement ténu. «On ne peut imaginer à quel point certains de ces parents sont isolés», dit Marie-Claude Guay. D’où la principale difficulté rencontrée depuis la mise en oeuvre du programme, en janvier : «Le plus difficile, c’est de recruter des parents pour participer au projet», confie la psychologue.