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Donner aux immigrants le goût du Québec… en français

Par Claude Gauvreau

21 janvier 2008 à 0 h 01

Mis à jour le 17 avril 2015 à 16 h 04

L’apprentissage du français, langue de la majorité au Québec, est l’une des conditions essentielles à l’intégration des immigrants. Et l’UQAM, comme d’autres universités et cégeps, y contribue de manière importante. La direction de l’Université a ainsi approuvé récemment le renouvellement, pour les trois prochaines années, du partenariat avec le ministère québécois de l’Immigration et des Communautés culturelles pour la formation d’immigrants adultes non francophones.

Ce type de partenariat a débuté il y a presque dix ans, explique Marguerite Hardy, spécialiste de la didactique du français à l’École de langues et coordonnatrice du programme de francisation. C’est elle, alors qu’elle était chargée de cours à l’UQAM, qui avait proposé une première expérience-pilote en 1999 qui combinait l’enseignement du français et l’organisation d’activités d’intégration. Et l’expérience s’est poursuivie depuis. «À cette époque, rappelle-t-elle, le gouvernement du Québec avait décidé que la francisation des immigrants se ferait en collaboration avec les établissements collégiaux et universitaires et que l’on ferait appel aux services de didacticiens du français.»

Aujourd’hui, près de 1000 immigrants par année suivent, pendant 12 semaines, une formation intensive de 30 heures par semaine à l’UQAM, comprenant 20 heures de cours de français et 10 heures d’activités d’intégration. Ils sont regroupés en trois blocs : débutants, intermédiaires et avancés. Les cours, non crédités et offerts gratuitement, sont dispensés par des enseignants du ministère, tandis que l’Université accueille les étudiants dans ses locaux et est responsable des activités d’intégration et de soutien à l’apprentissage.

Combiner apprentissages et intégration

Les immigrants qui s’inscrivent au programme sont recrutés par le ministère. Ce sont des professionnels pour la plupart – médecins, enseignants, pharmaciens, informaticiens – qui ont fait des études universitaires dans leur pays. Ils proviennent principalement d’Amérique latine, d’Europe de l’Est et d’Asie.

«Nous voulons donner aux immigrants le goût d’utiliser le français dans leur vie quotidienne, souligne Mme Hardy. C’est pourquoi, parallèlement aux ateliers de lecture, d’écriture et de communication orale, nous leur proposons de participer à une série d’activités qui facilitent leur intégration à la société québécoise et favorisent l’estime de soi. Activités qui permettent également de consolider l’apprentissage du français et lui donnent tout son sens.»

Trois grands thèmes sont explorés à travers les différentes activités d’intégration : l’UQAM et le Quartier latin; Montréal et les régions du Québec; et l’emploi et les études. À titre d’exemple, les étudiants sont amenés à faire une recherche-terrain sur une région du Québec et à présenter oralement les résultats de leur démarche. Ils doivent ensuite produire un petit journal en français, qui témoigne de leur expérience. D’autres activités, souvent à caractère ludique, permettent d’acquérir des connaissances sur l’histoire du Québec, sa culture et ses habitants : escapades au Jardin botanique, au Biodôme et au marché Jean-Talon; visites du Musée des Beaux-arts, du Musée Pointe-à-Callière et du Centre d’histoire de Montréal; rally à l’UQAM et sur le Plateau Mont-Royal; ateliers sur l’histoire du Québec et les stratégies de recherche d’emploi; séances d’information sur le système de santé au Québec, les normes du travail et sur le Centre des femmes de Montréal, etc.

Les moniteurs et monitrices responsables des activités d’intégration sont formés et supervisés par Marguerite Hardy. Ce sont souvent des étudiants de l’UQAM : finissants du baccalauréat en enseignement du français langue seconde, de la maîtrise en études littéraires, ou encore de la maîtrise en relations internationales. Quant aux immigrants-étudiants, Mme Hardy est particulièrement fière de dire que certains d’entre eux décident, au terme de leur parcours de formation, de s’inscrire à un programme d’études à l’UQAM.