Les étudiants des milieux collégial et universitaire au Québec et au Canada ont-ils des valeurs, des comportements sociaux et des parcours différents de ceux des générations précédentes? Le colloque «Les étudiants en mouvance : quels défis pour les collèges et les universités?», qui se tiendra le 8 mai prochain, tentera de répondre à cette question.
Selon Pierre Doray, coresponsable du colloque et directeur du Centre interuniversitaire de recherche sur la science et la technologie (CIRST), «la figure classique de l’étudiant issu d’une famille relativement aisée capable de financer ses études universitaires a fait place à celle de l’étudiant boursier qui a recours à l’aide financière de l’État. Autre caractéristique, 60 % des étudiants nouvellement inscrits dans le réseau de l’Université du Québec à l’automne 2006 étaient de première génération, c’est-à-dire des étudiants dont les parents n’ont pas fait d’études postsecondaires.»
Le colloque sera aussi l’occasion de présenter les premiers résultats d’une recherche sur les facteurs qui influencent le parcours scolaire des étudiants au Québec et au Canada. Des chercheurs du CIRST et du Consortium d’animation sur la persévérance et la réussite dans l’enseignement supérieur (CAPRES) de l’Université du Québec, se sont intéressés aux transitions scolaires, comme le passage du secondaire au cégep, puis à l’université, ou le passage du marché du travail à l’université, dans le cas d’un retour aux études. «Chose certaine, dit Pierre Doray, les parcours sont de moins en moins linéaires. Entre janvier 2000 et décembre 2003, 48 % des étudiants dans les provinces de l’Ouest ont quitté le système scolaire pour différentes raisons, certains pour aller sur le marché du travail, alors que d’autres revenaient après une pause de deux ou trois ans. On constate également une croissance, en particulier dans le réseau de l’UQ, du nombre d’adultes qui retournent aux études pour faire un certificat ou un baccalauréat et, enfin, que plus les programmes de formation sont nombreux et diversifiés, plus il y a de bifurcations dans les trajectoires.»
Ouvrir davantage les établissements collégiaux aux adultes et assurer la persévérance aux études, tout en maintenant la qualité et la diversité de la formation, comptent parmi les principaux défis auxquels sont confrontés les responsables de l’éducation, souligne M. Doray. «On sent par ailleurs une inquiétude chez les enseignants québécois du collégial qui, dans trois ans, accueilleront les premiers étudiants ayant connu le renouveau pédagogique au secondaire. La question est de savoir si l’approche par compétences prônée par la réforme aura permis l’acquisition de solides connaissances disciplinaires.»