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Stratégie de l’innovation : de bonnes nouvelles pour la recherche

Par Dominique Forget

22 janvier 2007 à 0 h 01

Mis à jour le 17 avril 2015 à 16 h 04

Un vent d’optimisme souffle sur le milieu de la recherche depuis le 4 décembre dernier. C’est à cette date que le ministre du Développement économique, de l’innovation et de l’exportation, monsieur Raymond Bachand, a dévoilé la nouvelle stratégie québécoise de la recherche et de l’innovation intitulée Un Québec innovant et prospère. Au programme : des investissements de 888 millions de dollars sur trois ans pour favoriser la formation supérieure, les activités de recherche et le transfert des résultats vers l’entreprise. Ces sommes s’ajoutent aux 278 millions de dollars prévus dans le dernier budget.

Dans le contexte actuel de disette budgétaire, la nouvelle était particulièrement attendue. «Nous sommes ravis, d’autant plus que la stratégie accorde une importance centrale à la recherche publique», confirme Michel Jébrak, vice-recteur à la Recherche et à la création à l’UQAM qui, l’été dernier, avait rencontré les représentants du ministère comme la plupart de ses homologues pour leur faire part de ses priorités.

Recherche publique

Les trois fonds subventionnaires québécois – le Fonds de recherche en santé du Québec (FRSQ), le Fonds québécois de la recherche sur la nature et les technologies (FQRNT) et le Fonds québécois de la recherche sur la société et la culture (FQRSC) – verront leur budget augmenter de 59 millions de dollars, au cours des trois prochaines années.

Les sommes permettront notamment d’offrir 900 nouvelles bourses d’excellence aux étudiants de maîtrise et de doctorat, ainsi qu’aux stagiaires postdoctoraux. Le FQRNT recevra aussi une enveloppe spéciale pour former des regroupements de chercheurs dans des créneaux prioritaires, entre autres dans les domaines de l’énergie et de l’environnement, deux secteurs dans lesquels l’UQAM se distingue.

Toujours au chapitre de la recherche publique, Québec a choisi de consacrer des efforts particuliers dans les domaines à fort potentiel économique. Ainsi, 104 millions seront investis spécifiquement pour soutenir les activités d’organismes comme l’Institut national d’optique, Génome Québec et NanoQuébec. Michel Jébrak voit cette décision non pas comme un obstacle, mais comme une opportunité. «L’UQAM est membre de NanoQuébec depuis cette année, souligne-t-il. Nous commençons également à investir le secteur de la génomique, grâce à de nouvelles embauches, notamment.» Le vice-recteur aurait tout de même souhaité voir la recherche en sciences humaines et sociales occuper une place plus grande dans la stratégie.

Infrastructures

Autre annonce majeure : 28,4 millions de dollars seront ajoutés, au cours des trois prochaines années, au budget prévu pour l’installation de nouvelles infrastructures de recherche. Considérant la performance décevante de l’UQAM au dernier concours de la Fondation canadienne de l’innovation (FCI), ces sommes pourraient s’avérer salutaires.

«Certains projets que nous avions soumis ont été approuvés par Québec, mais bloqués à Ottawa, au profit de projets similaires, proposés dans d’autres provinces, explique le vice-recteur. Les nouvelles sommes prévues dans la stratégie permettront au Québec d’être un peu plus indépendant et d’aller de l’avant avec les projets jugés prioritaires pour la province.»

Valorisation et transfert

Hormis la recherche proprement dite, la stratégie met l’accent sur la valorisation et le transfert des résultats. Plusieurs mesures sont prévues, dont le soutien aux sociétés de valorisation. Ce sont d’excellentes nouvelles pour Gestion Valeo, dont le financement était remis en question depuis la fin des activités de Valorisation-Recherche Québec, l’année dernière.

Le vice-recteur précise toutefois que les sommes octroyées ne couvrent que la moitié des besoins de l’organisation. «Nous envisageons actuellement différentes hypothèses, dont la fusion avec les sociétés de valorisation d’autres universités, ou l’élargissement de Valeo à de nouvelles composantes de l’Université du Québec.» Rappelons que, pour l’instant, Gestion Valeo a pour mandat de valoriser les résultats de recherche des chercheurs de l’UQAM, de l’Université du Québec à Rimouski, de l’École de technologie supérieure et de l’Université Concordia.

Pour favoriser le transfert des résultats vers des applications concrètes, la stratégie insiste aussi sur l’importance des regroupements entreprisesuniversités. À ce chapitre, l’UQAM est déjà très active, que l’on pense aux Centres de liaison et de transfert comme le CIRANO, le CRIM ou le CLIPP; aux consortiums universitéindustrie, tels que le Consortium de l’exploration minière; ou encore aux nouvelles structures mises en place par Valorisation-Recherche Québec, dont Hexagram et Ouranos.

Recherche industrielle

Le dernier volet de la stratégie concerne la recherche industrielle. On prévoit, par exemple, bonifier les programmes de crédits d’impôts pour les investissements en recherche et développement. Plus intéressant pour l’UQAM : la stratégie annonce un appui spécifique aux entreprises de design. «Le design est une force de l’UQAM. Nous pourrions certainement développer de nouvelles collaborations avec le secteur privé pour faire avancer la création dans ce domaine.»

Malgré l’enthousiasme dont il fait preuve, Michel Jébrak demeure prudent. «Maintenant, on attend les sommes promises, dit-il. Une stratégie, c’est très bien, mais si on n’a pas l’argent pour l’appuyer, ça ne vaut pas grand-chose.» Reste aussi, bien sûr, à régler la question du sous-financement des universités avec le ministère de l’Éducation.