En 20 ans de pratique, sa carrière d’avocat compte d’innombrables réalisations, mais la plus marquante, et de loin, est son rôle à titre de conseiller juridique associé à la Commission d’enquête sur le programme de commandites et les activités publicitaires, mieux connue sous le nom de Commission Gomery. «C’est l’expérience professionnelle d’une vie», avoue Me Guy Cournoyer, lauréat du Prix Reconnaissance UQAM 2007 décerné par la Faculté de science politique et de droit.
Pas de doute, les audiences télévisées de la Commission Gomery ont fait une célébrité de l’avocat âgé de 43 ans. «Il ne faut pas bouder son plaisir, affirme en riant Me Cournoyer. Quand on a travaillé 18, 19 ou 20 heures par jour, sept jours par semaine pendant plus de deux ans, on est bien heureux de se faire arrêter sur la rue pour recevoir les félicitations des gens.» Il tient tout de même à souligner l’apport précieux de ses collègues. «Le commissaire et les procureurs ne sont que la partie visible de la commission, précise-t-il. Il y a un travail d’équipe formidable là-dessous, soit environ une vingtaine de juricomptables et dix avocats juniors.»
La Commission Gomery était la troisième commission d’enquête à laquelle participait Me Cournoyer. «Contrairement à la dynamique d’un procès, il n’y a pas de stratégies de représentation et les techniques d’interrogatoire sont modifiées, explique-t-il. La curiosité insatiable est permise et je prends un malin plaisir à être le curieux de service.»
Il croit que l’aspect spectaculaire de la Commission Gomery ne doit pas faire oublier qu’il s’agissait d’un exercice démocratique hors du commun, ajoutant que pour une rare fois, les téléspectateurs ont pu se forger leurs propres opinions sans l’intermédiaire des médias. «Ils écoutaient les témoignages en même temps que nous, ditil. Cela non plus n’est pas banal!»
Un retour à la maison
Le prix Reconnaissance décerné par la Faculté de science politique et de droit de l’UQAM l’émeut. «C’est difficile de verbaliser ce que je ressens, confie-til après un long silence. C’est comme un retour à la maison, explique-t-il. Lorsque notre alma mater reconnaît ce qu’on a fait dans notre carrière, cela fait chaud au coeur.»
Me Cournoyer affirme qu’il avait choisi d’étudier à l’UQAM pour plusieurs raisons, entre autres parce que la dimension sociale du droit l’intéressait, que le travail d’équipe y était valorisé et que les stages étaient axés sur la pratique réelle, opportunité rare à l’époque. «C’est aussi parce que des amis de ma région s’y étaient inscrits, avoue-t-il. L’un de ceux-là était René Côté, le doyen de la Faculté de science politique et de droit, avec qui j’ai étudié au Séminaire, puis au cégep de Saint-Hyacinthe.»
Un coup de foudre
Étudiant au baccalauréat en sciences juridiques de l’UQAM au milieu des années 80, Guy Cournoyer se destinait au droit du travail. «J’ai vécu mon chemin de Damas lors d’un cours de droit criminel à l’été 84, raconte-t-il. C’était l’époque où la Cour suprême du Canada rendait ses premières décisions basées sur la nouvelle Charte canadienne des droits et libertés, adoptée le 17 avril 1982. Il y avait tant à éclaircir et à comprendre, j’ai eu le coup de foudre pour le droit criminel.»
Lors de son stage de 2e année, effectué à l’hiver 1985 auprès de Me Pierre Poupart, il renforce sa nouvelle passion. «J’ai travaillé sur le dossier de l’extradition de deux anciens felquistes aux États-Unis, et j’ai eu l’opportunité de vivre aux premières loges le procès criminel devant juge et jury de Thomas Brigham, un Américain accusé d’avoir fait exploser une bombe à la gare centrale de Montréal, à l’été 84.» Dès la fin de son baccalauréat et après avoir réussi l’examen du Barreau, en 1987, il s’associe à Me Poupart, une association qui durera dix ans.
Me Cournoyer a participé en 1992 à la fondation du Conseil canadien des avocats de la défense. La même année, il a publié avec son confrère Gilles Ouimet une version annotée du Code criminel. Il est l’un des rares avocats de la société civile à s’intéresser au droit militaire, ayant fait partie, notamment, du comité consultatif sur la justice militaire du Juge-Avocat général des Forces armées canadiennes de 1999 à 2002. Il a également enseigné à l’UQAM comme chargé de cours, de même qu’à McGill et à l’École du Barreau. Depuis 1999, il est associé au sein du cabinet Shadley Battista, s.e.n.c. Il travaille présentement avec un confrère à la rédaction d’un Code des professions annoté.