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Nouveau comité sur les troubles d’apprentissage

Par Pierre-Etienne Caza

12 novembre 2007 à 0 h 11

Mis à jour le 17 avril 2015 à 16 h 04

Les accommodements raisonnables n’ont plus de secret pour Nicole Bonenfant, directrice des services-conseils aux Services à la vie étudiante (SVE). C’est elle qui gère l’équipe du Service d’intégration des étudiants handicapés (SIEH) de l’UQAM, laquelle innove sans cesse pour accueillir ces étudiants, assurer leur intégration et favoriser la réussite de leurs études. «Il y avait 112 étudiants handicapés à l’UQAM en 2003, il y en a aujourd’hui 275! C’est le signe que notre expertise est reconnue», affirme-t-elle fièrement, avant de préciser que son équipe fait désormais face à de nouveaux défis.

Au cours des dernières années, les gens du SIEH ont peaufiné leurs interventions auprès des étudiants ayant une limitation visible, telle qu’une déficience motrice, visuelle ou auditive. Pour chaque cas, un conseiller rencontre l’étudiant, évalue les besoins de ce dernier et établit avec lui un plan de services. «Il peut y avoir jusqu’à quatre personnes-ressources qui s’impliquent pour faciliter le parcours académique de l’étudiant», précise Nicole Bonenfant. Ce peut être, par exemple, un camarade qui accompagne l’étudiant en classe si sa mobilité est réduite, ou alors qui prend des notes à sa place s’il en est incapable. Un réseau d’entraide bien organisé, quoi. Les professeurs aussi participent à l’intégration de cette clientèle, avec succès. «Il est facile pour un professeur de s’enquérir des besoins d’un étudiant dont le handicap est visible, mais lorsqu’il est invisible…?», demande Mme Bonenfant.

Depuis quelques années, les universités accueillent de plus en plus d’étudiants aux prises avec des troubles d’apprentissage, tels que la dyslexie et la dysorthographie, ou avec un déficit de l’attention, des limitations très difficiles à percevoir. «Cela requiert des services adaptés bien différents», précise Mme Bonenfant, qui a formé le Comité sur les troubles d’apprentissage, réunissant la section du Soutien à l’apprentissage et le SIEH, des SVE, mais aussi le programme de baccalauréat en enseignement en adaptation scolaire et sociale, ainsi que le Centre d’aide à la réussite en français, tous deux rattachés à la Faculté des sciences de l’éducation.

Une cohorte «officielle»

La première véritable cohorte d’étudiants avec des troubles d’apprentissage diagnostiqués accède ces années-ci à l’université, explique Mme Bonenfant. L’accessibilité aux études universitaires, qui ne leur était pas envisageable à l’époque, l’est aujourd’hui parce que des structures ont été mises en place. «C’est une mutation dans notre mentalité d’enseignement supérieur, car il y a encore beaucoup de préjugés à l’égard des troubles d’apprentissage, estime-t-elle. Pourtant, ces enfants ont été pris en charge dès le primaire, puis au secondaire et au collégial. Ils ont développé des stratégies pour composer avec leurs troubles et sont capables de réussir.»

Les étudiants qui ont été diagnostiqués depuis longtemps s’adressent en général rapidement aux SVE pour établir leur plan de services. «Nous avions besoin de ressources additionnelles et qualifiées», poursuit Mme Bonenfant. D’où le partenariat avec les gens du programme de baccalauréat en enseignement en adaptation scolaire et sociale, qui débouchera bientôt sur un jumelage entre des étudiants ayant un trouble d’apprentissage et des étudiants de 3e ou 4e année de baccalauréat. «Tous y gagneront, souligne-t-elle avec fierté. Les étudiants aidés comme les aidants, qui auront ainsi la chance de vivre une véritable expérience professionnelle rémunérée.»

Une cohorte «fantôme»

En revanche, il existe plusieurs personnes qui n’ont jamais obtenu de diagnostic officiel et qui sont tout de même aux prises avec des troubles d’apprentissage. «C’est le cas, par exemple, de certains adultes qui effectuent un retour aux études et qui s’aperçoivent qu’ils sont atteints de dyslexie, explique Mme Bonenfant. Ceux-là sont plus difficiles à détecter.»

Pour y parvenir, les SVE ont lancé l’idée d’offrir une formation aux moniteurs du Centre d’aide à la réussite en français de la Faculté des sciences de l’éducation, afin de les sensibiliser à une forme de dépistage préliminaire des personnes présentant des difficultés persistantes et récurrentes. «Nous sommes très proactifs, poursuit Mme Bonenfant. Il est impératif que notre service dédié à l’intégration des étudiants handicapés se redéfinisse et trouve des partenaires, car il y aura de plus en plus d’étudiants handicapés qui souhaiteront étudier à l’UQAM au cours des prochaines années.»

Et ce n’est pas tout, car outre les étudiants avec un handicap visible et ceux aux prises avec des troubles d’apprentissage, il y a également les étudiants aux prises avec des troubles de santé mentale qui surgissent souvent au tournant de la vingtaine. «Nous n’en sommes qu’aux balbutiements des réponses de services que nous pouvons proposer à ce type de clientèle, avoue Mme Bonenfant. Peut-être pourrionsnous tendre la perche au Département de psychologie? C’est à voir!»