«Je n’ai jamais été une batailleuse de cour d’école», affirme en riant la boxeuse Desni Boisvert, mais sur un ring, l’étudiante au baccalauréat d’intervention en activité physique ne craint personne. Du 24 au 28 janvier prochains, à Saint-Hyacinthe, elle tentera de remporter le titre canadien des 63 kg, qui lui permettrait de joindre les rangs de l’équipe nationale et d’affronter les meilleures boxeuses de sa catégorie sur la scène internationale.
Née à Toronto, d’une mère anglophone et d’un père francophone (de Québec), Desni a pratiqué plusieurs sports, du basket au snowboard, en passant par l’athlétisme, avant de s’initier au kickboxing à l’âge de 13 ans, dans un club de Saint-Eustache, près de la maison familiale de Sainte- Marthe-sur-le-Lac. Sa progression est alors fulgurante : elle se classe 5e au championnat du monde, disputé à Paris en 2002, avant de remporter le championnat nord-américain en 2004. Sa fiche est alors de 13 victoires, dont 7 par K.-O. et 2 défaites.
Après 4 ans de kickboxing, elle bifurque vers la boxe. La transition entre les deux sports, techniquement très différents, ne se fait pas sans heurts. «Durant mes premiers entraînements de boxe, j’étais tellement habituée aux combinaisons du kickboxing que j’avais tendance à décocher des coups de pied, avoue-t-elle, heureusement pas durant un combat!»
Ses débuts en compétition sont à la hauteur de ses attentes : elle remporte en 2004 les Gants dorés, une compétition qui regroupe les meilleures boxeuses du Québec. Elle réédite l’exploit en 2005 et en 2006. Avec une fiche de 9 victoires et 6 défaites, elle est classée athlète d’élite par Boxe Québec.
Un sport exigeant
Malgré le port obligatoire du casque, les coups sont tout aussi violents en boxe amateur qu’en boxe professionnelle. «Certains font mal mais pas plus que ça», laisse toutefois tomber Desni, qui s’arrange pour en donner plus qu’elle n’en reçoit! «J’aime frapper fort, j’ai un bon direct du droit», ditelle avec aplomb.
La boxe féminine n’est pas au programme olympique pour l’instant, mais ce n’est qu’une question de temps, puisque la popularité de ce sport ne cesse de croître. «J’adore la boxe pour le côté tactique et l’entraînement très rigoureux», affirme Desni, qui s’entraîne 5 fois par semaine au club ABC de Laval, sous la houlette de Claude Mercier et Kevin Adams. «Je m’occupe toutefois de mon programme de musculation, puisque je suis entraîneuse dans un club de Saint-Eustache», précise-t-elle. Pas étonnant alors qu’elle ait choisi le profil kinésiologie du baccalauréat d’intervention en activité physique, auquel elle est inscrite depuis l’automne 2005. Elle suit ses cours à temps plein, mais une victoire aux championnats canadiens pourrait changer la donne et signifier plus de combats pour elle, qui n’en a disputé que deux l’an dernier, faute d’adversaires.
Elle entreprendra vraisemblablement une transition chez les professionnelles d’ici quelques années. «Mes études sont importantes, mais j’ai le goût de tenter ma chance en boxe et c’est le moment ou jamais», affirme-t- elle.
Boxe féminine 101
En boxe amateur féminine, les combats durent trois rondes de deux minutes chacune (comparativement à 4 rondes de 2 minutes chez les hommes). Contrairement à la boxe professionnelle, la gagnante n’est pas celle qui remporte le plus de rondes, mais bien celle qui porte le plus de coups atteignant l’adversaire. Il faut qu’au moins deux des trois juges assis autour du ring appuient sur un bouton en l’espace d’une seconde pour qu’ils soient comptabilisés électroniquement. Ce système de points permet de désigner la vainqueur, à moins que l’une des deux ne réussisse à mettre l’autre K.-O., évidemment!