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Médias et santé publique: influence réciproque

Par Claude Gauvreau

19 février 2007 à 0 h 02

Mis à jour le 17 avril 2015 à 16 h 04

Beaucoup de Québécois considèrent que les messages médiatiques sur l’alimentation sont peu variés et manquent de profondeur. Ils déplorent également la rareté d’émissions de vulgarisation comme Découverte, qui fait appel à leur intelligence, ou L’épicerie, qui transmet des informations simples, concrètes et ancrées dans la vie quotidienne.

C’est ce que révèlent les résultats d’entrevues réalisées auprès de plusieurs dizaines de personnes par le Groupe de recherche média et santé que dirige Lise Renaud, professeure au Département de communication sociale et publique. Créée en 203, cette équipe réunit une dizaine de chercheurs de l’UQAM, de l’Université McGill, de l’Université de Montréal, de l’Institut national de santé publique du Québec et du Collège Jean-de-Brébeuf.

Les entrevues faisaient partie d’une étude sur l’information véhiculée par certains médias concernant l’alimentation et les activités physiques. L’analyse portait également sur le contenu d’articles publiés dans le quotidien La Presse et d’émissions de télévision diffusées sur le réseau français de Radio-Canada depuis 20 ans, ainsi que dans certains téléromans.

Façonner les normes sociales

Depuis les années 80, les entreprises du secteur de l’agro-alimentaire, les ministères, les groupes communautaires et certains organismes non-gouvernementaux ont multiplié les interventions dans les médias autour des thèmes de l’alimentation et des activités physiques, rappelle Mme Renaud. Mais la multitude des points de vue, parfois contradictoires, ainsi que la redondance et le caractère fragmentaire de l’information ont engendré de la confusion et un effet de saturation chez le public.

Selon la chercheuse, il demeure difficile de cerner précisément l’influence que les médias exercent sur le public et il importe de mieux comprendre dans quelle mesure les consommateurs s’approprient les informations dans leur vie quotidienne. Elle croit toutefois que «les médias contribuent, avec d’autres acteurs, à façonner les normes sociales – comportements et habitudes de vie – en matière de prévention et de promotion de la santé publique». Ainsi, pour encourager les gens à arrêter de fumer, le gouvernement du Québec organise depuis quelques années le concours J’arrête, j’y gagne. Près de 40 000 nouvelles personnes s’inscrivent chaque année à ce concours, couvert abondamment par les médias, et 27 % d’entre elles décident d’écraser.

Voilà pourquoi le Groupe de recherche média et santé travaille en lien étroit avec des partenaires du monde des médias et de la santé. «Nous collaborons notamment avec la Direction de la santé publique de Montréal pour produire des documents de vulgarisation à l’intention des médias, ainsi qu’avec des producteurs et des scénaristes d’émissions pour qu’ils jouent pleinement leur rôle de relais entre le grand public et les organismes de santé», explique Lise Renaud.