Le 2 novembre, 18 ingénieurs en microélectronique formés par l’UQAM recevront leur jonc, symbole de leur nouvelle profession, et prêteront serment lors de la traditionnelle cérémonie des sept gardiens. Ces jeunes professionnels, qui ont obtenu leur diplôme en décembre 2006 ou en juin 2007, sont les premiers d’une longue lignée, espère-t-on à l’UQAM. Les diplômés ne sont d’ailleurs pas les seuls à fêter ces jours-ci. «Nous avons appris en juin dernier que notre programme en génie microélectronique avait reçu l’aval du Bureau canadien d’accréditation des programmes d’ingénierie (BCAPI)», se réjouit Patrick Béron, professeur au Département de chimie et directeur du génie au sein de la Faculté des sciences.
L’UQAM a donc gagné son pari. «Le BCAPI attend systématiquement qu’une première cohorte obtienne son diplôme avant d’octroyer son sceau d’approbation à un nouveau programme», explique Patrick Béron, lui-même ingénieur, formé en France, puis à l’École Polytechnique de Montréal. Ainsi, son équipe a lancé le programme de génie microélectronique à l’automne 2002, mais c’est seulement à l’automne 2006 qu’elle a reçu la visite des délégués du Bureau. Ces derniers ont rencontré les professeurs, étudié leurs plans de cours, visité les laboratoires et la bibliothèque, examiné les résultats des étudiants aux examens et finalement rendu leur décision quelques mois plus tard.
Unique au pays
Le programme en génie microélectronique de l’UQAM est unique au Canada. «Il existe ailleurs des spécialités en génie microélectronique, qui se greffent à des programmes de génie électrique ou de génie informatique, précise le directeur. Mais notre formule est la seule qui soit entièrement dédiée à ce secteur d’avenir.» Pendant toute leur formation, donc, les futurs diplômés apprendront à concevoir des circuits intégrés, qui servent autant à faire fonctionner les agendas électroniques que les baladeurs MP3, les ordinateurs personnels, les satellites ou les avions.
Le directeur ajoute que les récents diplômés ont aisément trouvé du travail. Aucun problème non plus pour placer les stagiaires en cours de formation. En effet, pendant les quatre années et demie de leur programme, les étudiants doivent réaliser deux stages en entreprise : un premier de trois mois et un second de six mois. Les grandes sociétés internationales basées à Montréal comme Matrox – spécialisée dans la conception de cartes graphiques qui permettent à nos ordinateurs de créer et d’afficher des graphiques, des animations et des vidéos – ou CAE – qui conçoit et fabrique des simulateurs de vol pour l’aviation civile, le marché militaire et la marine – accueillent des stagiaires à bras ouverts.
Il faut dire que les étudiants inscrits au programme de génie microélectronique sont peu nombreux. Cette année, seulement 13 nouveaux étudiants ont commencé leurs cours de première année. Les responsables espèrent que la récente accréditation fera mousser les demandes d’admission.
Une niche
Il reste que le génie microélectronique est une niche assez spécialisée qui n’attirera jamais autant de futurs ingénieurs que les grands programmes de génie mécanique ou électrique, par exemple. «Ces programmes existent déjà dans quelques universités au Québec et nous ne voulons pas les dédoubler, dit Patrick Béron. Nous voulons développer des programmes innovateurs qui répondront à des demandes spécifiques du marché, tout en nous appuyant sur les forces de la Faculté des sciences.» Le directeur ne ferme pas la porte à d’éventuelles collaborations avec d’autres écoles de génie pour mettre au point des programmes en partenariat.
À ce jour, sept professeurs ont été embauchés pour enseigner aux étudiants en génie, dont Yves Blaquière, directeur du programme. Deux postes sont encore vacants. Les professeurs sont tous actifs en recherche. À court terme, l’UQAM espère lancer un programme de génie microélectronique aux cycles supérieurs pour répondre à la demande des étudiants, mais aussi pour fournir aux professeurs une aide précieuse dans leurs laboratoires. Une faculté de génie pourrait-elle naître un jour à l’UQAM? Rien n’est exclu. Une chose est certaine, selon Patrick Béron : l’Université ne se limitera pas à son seul programme en génie microélectronique. «La porte est ouverte. Nous allons prendre notre place.»