Selon les critères philanthropiques de la Fondation de l’UQAM, tout montant de 25 000 $ donné par un individu constitue un don majeur. Or, certains donateurs ne souhaitent pas attendre à leur décès pour léguer un tel montant à l’institution pour laquelle ils ont travaillé. Trois professeurs à la retraite ont accepté de témoigner.
Retraité du Département des sciences comptables, René Huot a effectué l’an dernier un don majeur de 25 000 $. Né dans le quartier Saint-Henri/Côte Saint-Paul, M. Huot a pu compléter son cours classique au Collège Mont-Saint-Louis, de 1957 à 1965, grâce à une bourse d’études des Frères des écoles chrétiennes, ce qui l’a ensuite mené à HEC, où il a également pu profiter d’une bourse destinée aux étudiants provenant de milieux défavorisés. «Je me suis dit à l’époque qu’un jour, j’allais remettre à la société ce que j’ai eu», se rappelle-t-il. Les aléas de la vie lui ont fait oublier cette promesse, jusqu’à ce qu’il prenne connaissance du don de 500 000 $ de Charles-Albert Poissant à l’UQAM, en mars 2006. «M. Poissant, avec qui j’ai eu l’occasion de travailler, a été l’un des mes maîtres à penser en fiscalité, explique-t-il. Bien sûr, je n’ai pas ses moyens financiers, mais j’ai contacté Mme Archambault pour voir ce que je pouvais faire avec le montant que je désirais léguer.»
Plutôt qu’une bourse, ils ont convenu de créer le prix René Huot, d’une valeur de 1 000 $, qui sera remis à l’étudiant ayant conservé la meilleure note cumulative dans les cours de fiscalité du baccalauréat en sciences comptables. «Je trouvais important que ce prix soit rattaché aux cours de fiscalité car les étudiants du baccalauréat sont souvent rébarbatifs à ceux-ci, explique en riant M. Huot. Si ce prix peut donner le goût de performer à quelques étudiants, je serai heureux.»
«Pour un professeur à la retraite, léguer une bourse d’études aux futurs étudiants de son domaine d’expertise est significatif, constate Marie Archambault. C’est une façon de transmettre son héritage.» Retraité du Département de psychologie, le professeur Robert Letendre a été séduit par l’idée. «J’avais le goût de laisser une trace de mon passage et d’encourager du même coup les étudiants au doctorat en psychologie, plus spécifiquement ceux qui s’orientent vers la recherche et l’innovation psychanalytiques ancrées dans la communauté», explique le principal intéressé, qui a lui aussi effectué un don majeur de 25 000 $ qui servira à la création d’une bourse d’études portant son nom.
Certains donateurs font preuve de créativité, comme René Bernèche, également professeur à la retraite du Département de psychologie, aujourd’hui tuteur au Département de stratégie des affaires. M. Bernèche a choisi d’effectuer un don qui atteindra, espère-t-il, 40 000 $. L’originalité de son projet, c’est qu’il a incité les membres de sa famille ainsi que ses amis à contribuer à son fonds. Pour chaque don que ceux-ci effectuent, M. Bernèche s’est engagé à investir le même montant, en sus des 5 000 $ à 6 000 $ qu’il prévoyait déjà donner chaque année. «Ils ont accepté par solidarité et j’espère que leur générosité ne me mettra pas à la rue cette année!» s’esclaffe-t-il. La bourse qui portera son nom sera destinée à un étudiant inscrit au programme de doctorat en psychologie, plus précisément dans l’approche de la psychologie humaniste, et qui témoignera d’un intérêt pour le domaine de la créativité.