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Le Nord en péril

Par Marie-Claude Bourdon

1 octobre 2007 à 0 h 10

Mis à jour le 17 avril 2015 à 16 h 04

En 2007, la banquise a perdu plus d’un million de kilomètres carrés dans l’océan Arctique, un record. Dans l’ouest de l’Arctique canadien et en Alaska, la température en hiver a déjà grimpé de 3 à 4 degrés Celcius au cours du dernier demi-siècle. «Dans l’Arctique, le futur est déjà arrivé», écrit Dominique Forget, notre collègue au journal L’UQAM, dans Perdre le Nord?, un ouvrage choc qui vient de paraître chez Boréal/Névé.

Dans son style très vivant, la communicatrice scientifique transforme l’exposé complexe des enjeux reliés aux changements climatiques dans le Nord en un récit palpitant qui englobe à la fois les avancées de la science, le contexte politique, économique, juridique et humain de cette situation sans précédent.

Son ouvrage rappelle que d’ici 2040, le passage du Nord-Ouest pourrait être libre de glace en été et, du fait même, s’ouvrir à la navigation tout en permettant l’exploitation de ressources naturelles restées jusqu’ici inaccessibles. Pour cette raison, le Canada devra repenser ses relations avec ses voisins circumpolaires, dont les États-Unis et la Russie, surtout que sa souveraineté sur le fameux passage est contestée par la communauté internationale.

Perdre le Nord? permet de mieux comprendre pourquoi le réchauffement se produit en mode accéléré dans l’Arctique, ainsi que les conséquences de la fonte des glaces sur le climat global de la planète. Il décrit les effets des changements climatiques sur la banquise, sur la faune terrestre et aquatique des immensités glacées situées à l’intérieur du cercle polaire, mais aussi sur les humains qui y vivent. Adaptés depuis des millénaires à cet environnement inhospitalier, les Inuits sont les premiers témoins du réchauffement de la planète.

«On l’oublie facilement parce que très peu de gens y vont, mais 40 % du territoire canadien se trouve en Arctique, dit l’auteure. Il est temps qu’on se réveille et qu’on fasse quelque chose pour protéger cet environnement. Entre autres, je trouve qu’on devrait se préoccuper davantage des Inuits, qui sont responsables d’une infime partie des émissions de gaz à effet de serre et qui sont pourtant parmi ceux qui souffrent le plus du réchauffement climatique.»

De nombreux scientifiques de divers domaines ont collaboré à l’ouvrage. À l’UQAM, Alain Grenier, spécialiste du tourisme polaire au Département d’études urbaines et touristiques, et Joël Plouffe, adjoint de recherche à la Chaire Raoul-Dandurand en études stratégiques et diplomatiques, ont offert leur contribution. Enrichi de plusieurs illustrations et de magnifiques photos de l’Arctique, le livre s’accompagne d’une carte du Pôle nord publiée à l’occasion de l’Année polaire internationale, en 2007-2008, par l’organisme Canadian Geographic.

En postface, l’explorateur Bernard Voyer lance un vibrant S.O.S. Car si rien n’est fait pour réduire sérieusement les émissions de gaz à effet de serre, c’est non seulement l’avenir du Nord, mais celui de la Terre telle qu’on la connaît qui est en jeu. On referme le livre en se demandant une fois de plus comment nos gouvernements peuvent continuer à ignorer l’urgence de la situation.