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Institut Santé et société: jeter des ponts entre le social et le médical

Par Claude Gauvreau

19 février 2007 à 0 h 02

Mis à jour le 17 avril 2015 à 16 h 04

L’Institut Santé et société de l’UQAM constitue, à l’extérieur des facultés de médecine, le plus important contingent multidisciplinaire de chercheurs en santé au pays. Avec ses 140 professeurs, étudiants et professionnels de recherche, il réunit également le plus grand nombre de chercheurs ayant une préoccupation marquée pour les groupes défavorisés et marginalisés dans la société, souligne sa directrice Diane Berthelette.

Les chercheurs de l’Institut oeuvrent tant en sciences et en sciences humaines qu’en éducation et en sciences de la gestion, contribuant à jeter des ponts entre le social et le médical. L’économie de la santé, la biologie moléculaire, l’éducation à la prévention, la santé et la sécurité au travail, figurent parmi les thèmes qui guident leurs travaux.

«Nos chercheurs mettent d’abord l’accent sur le développement d’interventions préventives, pour combattre le VIH par exemple, sans exclure celles à caractère thérapeutique, comme la mise au point d’un vaccin ou d’un médicament», explique Mme Berthelette. Elles se situent dans une perspective générale de protection et de promotion de la santé, tout en visant à répondre aux besoins de groupes spécifiques tels les jeunes, les femmes et les autochtones.

Présents à toutes les étapes de la recherche

Le travail en partenariat avec le milieu est une autre particularité de l’Institut. Des liens ont été établis avec une centaine d’organismes sociaux et économiques : groupes communautaires, syndicats, entreprises privées, CLSC, hôpitaux, médias, etc. «Nous préférons parler de partage des connaissances, plutôt que de transfert, parce que nos partenaires sont associés à toutes les étapes du processus de la recherche, depuis la définition des orientations jusqu’à l’appropriation des résultats», précise la directrice de l’Institut.

Chercheuse renommée en santé au travail, Diane Berthelette vient de terminer une recherche en collaboration avec l’Association paritaire pour la santé et la sécurité du travail du secteur des affaires sociales (ASSTSAS). L’objectif était d’évaluer un projet de prévention des maux de dos pour le personnel soignant dans les hôpitaux. Avec son équipe, elle a fait enquête dans 130 hôpitaux et réalisé plusieurs entrevues afin d’identifier les meilleures façons d’agir. «Nous sommes partis des préoccupations des gens et sommes allés les voir régulièrement pour recueillir leurs suggestions et leur faire part de l’évolution des travaux. Au terme de la recherche, l’Association a créé un groupe de travail pour revoir son programme de formation à la prévention, publié un article de vulgarisation dans la revue Objectif prévention et présenté le rapport final de recherche sur son site Internet.»

Des résultats encourageants

En 2001, les organismes subventionnaires québécois et fédéraux avaient accordé au total un peu plus de 5 M $ aux chercheurs de l’Institut. En 2005, le financement avait presque doublé. Ces résultats sont encourageants, dit Mme Berthelette, mais les évaluateurs ont encore tendance à moins bien considérer les demandes de subvention provenant des chercheurs en sciences sociales par rapport à celles issues du monde biomédical. «Le modèle valorisant les approches expérimentales continue de dominer et il importe que les chercheurs en sciences humaines, éducation ou gestion prennent leur place, même si leurs objets et leurs méthodes de recherche sont différents.»

Les organismes subventionnaires accordent beaucoup d’importance au nombre d’articles publiés dans les revues scientifiques quand ils jugent la productivité des chercheurs mais ne disposent pas d’outils précis pour mesurer les retombées des recherches. C’est pourquoi l’Institut Santé et société a créé un groupe de travail pour développer des indicateurs adéquats permettant de les évaluer. «Nos chercheurs sont très actifs sur le terrain, sans compter qu’ils dispensent également trois ou quatre cours par année, alors que les chercheurs dans les facultés de médecine en donnent un ou deux Ils ont donc moins de temps pour publier dans des revues savantes», souligne Mme Berthelette.

Depuis sa création en 2003, l’Institut Santé et société a permis de renforcer la collaboration entre des chercheurs qui, auparavant, étaient dispersés dans plusieurs départements. Diane Berthelette a vu naître des équipes de travail comme celle de Catherine Garnier qui réunit une trentaine de chercheurs canadiens et européens pour étudier le fonctionnement de la chaîne des médicaments, de leur conception à leur consommation. «D’autres chercheurs qui s’intéressent aux dimensions sociales et physiologiques du vieillissement sont aussi en voie de se regrouper. L’Institut est là pour faciliter les rencontres et les échanges», conclut la chercheuse.