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Future astronaute?

Par Pierre-Etienne Caza

17 septembre 2007 à 0 h 09

Mis à jour le 17 avril 2015 à 16 h 04

Annie Martin est de retour sur Terre, mais elle rêve encore de l’espace. Du 24 juin au 25 août dernier, l’étudiante à la maîtrise en kinanthropologie a participé au programme d’été de l’Université internationale de l’espace, qui avait lieu à l’université Behang de Beijing, en Chine. Elle a baigné durant neuf semaines dans une atmosphère digne des meilleurs films de science-fiction.

Ce séjour lui a permis de côtoyer l’élite aérospatiale mondiale dans le cadre de cours intensifs, d’ateliers, de conférences et de projets d’équipe. Les discussions sur les missions vers la Lune, qui serviront de laboratoire et de tremplin vers Mars, ou encore sur le tourisme spatial, une réalité qui cogne à nos portes, faisaient partie du quotidien des 118 étudiants de 26 pays qui participaient à ce programme. «La moitié d’entre eux étaient des ingénieurs en aérospatiale», raconte Annie Martin, qui a dû mettre les bouchées doubles, non seulement pour assimiler les concepts tels que la propulsion des navettes ou le fonctionnement des satellites, mais aussi à cause de la langue d’usage sur le campus. «Je me débrouille en anglais, mais ça allait vite, dit-elle en riant. Heureusement, les étudiants anglophones nous donnaient un coup de main.»

Tout ce qui touche à la physiologie et à ses ramifications médicales appliquées au domaine aérospatial, par exemple prévoir et analyser les besoins et les réactions physiques des astronautes dans l’espace, l’intéresse désormais à un point tel qu’elle aimerait elle-même devenir astronaute. «Ce n’est pas un rêve d’enfance, précise-telle, mais plutôt une passion qui s’est développée au cours des dernières années.»

Un parcours atypique

Annie Martin a pratiqué le patinage artistique jusqu’à l’âge de 17 ans. Elle en aimait l’aspect créatif. Une blessure l’a contrainte à arrêter et à se recycler en entraîneuse, rôle dans lequel elle a su apprécier davantage les rouages techniques de la discipline. Ce passage du créatif au technique, elle le vit au même moment dans son cursus académique, où surgit une passion pour la mécanique du corps humain. D’abord inscrite à l’École nationale de théâtre, elle abandonne après un an pour intégrer le profil «critique et dramaturgie » du baccalauréat en art dramatique de l’UQAM, qu’elle délaissera rapidement au profit du baccalauréat d’intervention en activité physique, profil «kinésiologie».

Au cours de son baccalauréat, le professeur de kinanthropologie Alain Steve Comtois lui offre la possibilité de décrocher un stage à l’Agence spatiale canadienne (ASC), où il a travaillé à titre de gestionnaire pour l’utilisation commerciale et scientifique de la Station spatiale internationale. «L’Agence n’emploie que les meilleurs candidats et Annie en faisait partie, raconte-t-il. Elle a travaillé fort et s’est dédiée entièrement à son stage, ce qui lui a ouvert plusieurs portes.»

Chaudement recommandée par l’ASC, où elle a finalement effectué deux stages et décroché un contrat d’été, elle a soumis sa candidature au programme d’été par le biais de la Fondation canadienne pour l’Université internationale de l’espace, qui lui a également obtenu une bourse des Instituts de recherche en santé du Canada pour assumer les coûts de son voyage, estimés à 27 000 $.

La part de rêve

Après ce séjour en sol chinois – son premier voyage hors du continent – Annie est déterminée à faire carrière dans le domaine aérospatial. «J’adore ce milieu parce que c’est à la fois créatif et technique, dit-elle. Les gens que j’ai côtoyés sont visionnaires. Le rêve est une part essentiel de leur travail, ils nous le répétaient chaque jour!»

C’est également ce que ne cessent de lui répéter le directeur de sa maîtrise, Alain Steve Comtois, et son codirecteur, Jean-Marc Comtois, directeur du groupe de médecine spatiale à l’ASC (aucun lien de parenté, précise Annie). «Ce sont les deux personnes qui m’ont le plus inspirée, ils m’encouragent à rêver de l’espace», dit-elle.

Boursière du CRSNG, son projet de mémoire porte sur l’utilisation d’un ventilateur mécanique pour les soins médicaux d’urgence des éventuelles missions sur Mars. «Il s’agit en fait d’un respirateur artificiel qui utilise l’activité musculaire du diaphragme, explique Annie. Chez beaucoup de patients incapables de respirer par eux-mêmes, le diaphragme fonctionne encore. Nous captons l’activité du diaphragme en introduisant des électrodes dans l’oesophage. Cela envoie un signal au ventilateur, qui ajuste automatiquement la quantité d’air en fonction des besoins du patient.» Ce ventilateur intelligent a été conçu pour les soins intensifs sur Terre, précise-telle, mais son utilité dans l’espace ne fait aucun doute.

Elle débutera ses expérimentations cet automne et compte rédiger son mémoire à l’hiver, tout cela avec un horaire chargé, car elle est également auxiliaire d’enseignement et vice-présidente de l’Association des étudiantes et étudiants de la Faculté des sciences de l’éducation. Elle enseigne toujours le patinage artistique, le week-end, à Sherbrooke. Comme quoi même la tête dans l’espace, on n’oublie pas ses premières amours.