La rectrice par intérim, Mme Danielle Laberge, a été active sur plusieurs fronts ces derniers jours : tenter de renouer des liens avec la ministre de l’Éducation, mis à mal par des déclarations surmédiatisées, et faire comprendre à ses collègues de l’UQ, notamment, qu’elle n’a absolument pas abandonné ses fonctions, mais s’emploiera avec l’acharnement qu’on lui connaît, à protéger pendant les semaines à venir, les intérêts de l’UQAM à travers un règlement qui saura amenuiser la pression financière qui s’exerce sur le budget de fonctionnement de l’établissement.
«Il n’est pas question de brader l’UQAM au plus offrant, affirme-t-elle. Nous avons une mission à accomplir, et surtout à protéger, envers nos 50 000 étudiants, incluant ceux de la TÉLUQ. Je m’emploie à expliquer sur toutes les tribunes que l’on m’offre, que derrière les chiffres, il y a des personnes, que couper 30 millions $ de plus par année dans notre budget, c’est par exemple l’équivalent de 300 postes de professeurs par année. On se doit de démontrer très précisément l’impact des contraintes que l’on cherche à nous imposer.»
Renoncer au rectorat
À la suite de l’annonce qu’elle a faite au Conseil d’administration et à la communauté universitaire, le 6 septembre dernier, qu’elle ne poserait pas sa candidature à la course au rectorat, elle n’est pas en train de fermer ses dossiers pour se retirer en douce, bien au contraire. Elle est heureuse d’avoir retrouvé «une certaine liberté de parole et d’action» qu’elle n’aurait pu avoir si elle avait dû conjuguer ses fonctions actuelles avec les pressions s’exerçant sur une aspirante rectrice en titre.
«J’ai dû me rendre à l’évidence qu’il était impossible pour moi de faire, en même temps, une campagne au rectorat et de négocier un règlement acceptable nous permettant de nous sortir de la situation financière très précaire dont nous avons hérité. Au cours des prochaines semaines, je vais poursuivre mes efforts visant à trouver une solution à la situation.»
S’il est un message que la rectrice martèle sans arrêt, c’est celui qu’il faut se mobiliser pour défendre l’UQAM. «Ce n’est pas le temps de se taire, c’est celui de parler. Si vous croyez à votre université, dites-le, défendez-la.» Mme Laberge insiste sur le caractère urgent de manifester publiquement son soutien à l’UQAM.
«J’ai des choses extrêmement importantes à dire dans un temps qui m’est compté, et je ne me priverai pas d’exercer ma liberté de parole retrouvée, comptez sur moi. Je ne comprends pas l’acharnement qui s’exerce à l’égard de l’UQAM dans certains milieux. Je crois, comme des collègues me l’ont exprimé, qu’il détourne l’attention portée à des problèmes plus fondamentaux que l’on tarde à aborder.» Il est évident pour la rectrice par intérim que le sous-financement avéré des études supérieures au Québec par rapport à ce qui est consenti par les pouvoirs publics ailleurs au Canada est une question incontournable.
«Oui, nous devons assumer pleinement nos responsabilités institutionnelles. Nous avons des comptes à rendre au gouvernement et à la société québécoise, mais nous avons aussi à trouver un moyen de sortir du bourbier financier dans lequel nous sommes engagés, sans mettre en péril notre vitalité, voire même notre existence comme université. Nous devons réagir aux menaces très importantes qui pèsent sur notre établissement. Il n’est pas question de se décourager, c’est un luxe que l’on ne peut pas s’autoriser.»
Liens avec le MELS et l’UQ
Bien que la rectrice par intérim ne cache pas que le dialogue ne soit pas toujours facile, elle croit que madame Courchesne est, tout comme elle, convaincue de l’importance de l’enseignement supérieur pour le développement du Québec. À partir de là, elles devraient pouvoir trouver un terrain d’entente, une nouvelle avenue pour une base de règlement, car c’est ce que la direction actuelle de l’UQAM croit aussi.
Il n’en reste pas moins que la ministre s’est montrée très dure envers l’UQAM ces dernières semaines, comme l’ont constaté tous les observateurs de la scène politique. Ses propos ont résonné comme des menaces, reprises en écho par le président de l’UQ.
«Je déplore le manque de soutien du chef du réseau de l’UQ, à la différence de mes collègues recteurs et rectrices des constituantes qui m’ont exprimé, individuellement, leur appui et leur compréhension. Je m’explique mal pourquoi le siège social semble incapable de souligner l’apport exceptionnel de l’UQAM dans l’essor de ce grand réseau universitaire essentiel au Québec qu’est le nôtre.»
«C’est comme si nous avions la lèpre. Nous savons qu’il y a eu des erreurs. Le Vérificateur général du Québec est dans nos murs depuis quelques semaines. Laissons-le faire son travail, que nous facilitons par une collaboration totale et entière. C’est à lui de départager les responsabilités dans ce qui s’est passé. Quant à nous, la priorité est de trouver des solutions durables pour notre Université.»