Depuis juin dernier, tout le monde peut avoir accès gratuitement à des documents issus des travaux de recherche des professeurs de l’UQAM. Il suffit d’aller sur la page d’accueil du site Internet du Service de la recherche et de la création, et de cliquer sur le mot Archipel, nom donné aux nouvelles archives de publications électroniques de l’Université. Une centaine de documents y sont présentement disponibles, indique Magda Fusaro, présidente du comité institutionnel sur l’autoarchivage pour l’accès libre et professeure au Département de management et technologie.
La création d’Archipel s’inscrit dans le mouvement pour l’accès libre à la littérature scientifique, apparu au début des années 1990. Favorisé par l’arrivée d’Internet et par l’opposition à la mainmise croissante des grands éditeurs commerciaux sur la diffusion des résultats de recherche, ce mouvement mondial a pris un essor à compter de 2001, à l’occasion de rassemblements scientifiques. Il repose sur les principes de l’autoarchivage, de la mise en ligne sur le Web de publications de recherche et de l’accessibilité totale.
«Il y a un peu plus d’un an, l’UQAM adhérait officiellement à la Déclaration de Berlin sur le libre accès à la connaissance et devenait ainsi la première université francophone en Amérique du Nord à signer cet accord international, rappelle Mme Fusaro. Une large diffusion des connaissances, toutes disciplines confondues, contribue à valoriser la recherche, tout en permettant aux chercheurs, certains moins connus que d’autres, d’acquérir une grande visibilité, voire une notoriété. Des études ont démontré en effet que le dépôt dans des archives en accès libre accroît de manière importante le nombre de téléchargements et de citations d’un document.»
Un large éventail de documents
L’intérêt d’Archipel tient notamment au fait qu’il donne accès à des résultats de recherche présentés sous de multiples formes : livres ou chapitres de livres publiés, qu’il s’agisse d’ouvrages individuels ou collectifs; articles publiés dans des revues scientifiques avec comités de pairs, ou encore dans des revues professionnelles ou culturelles; rapports de recherche et rapports produits pour un gouvernement ou pour une ONG; communications données lors de congrès, colloques ou conférences, etc. Les documents peuvent être inédits ou avoir déjà été publiés, soumis ou acceptés pour publication.
«Nous avons d’abord pensé aux catégories de documents plus conventionnelles parce que nous voulions nous conformer aux définitions des grands organismes subventionnaires (CRSH, CRSNG, Conseil des arts, etc.) et assurer une homogénéité, explique Mme Fusaro. Mais rien n’interdit d’en envisager d’autres. Une entrevue accordée par un professeur à un magazine comme L’Actualité ou Vie des arts pourrait être déposée dans Archipel, de même qu’une production artistique, sonore ou visuelle. Des améliorations seront apportées graduellement et Archipel sera réévalué dans un an, à la suite des commentaires et des critiques que nous aurons reçus.»
Les professeurs réguliers et associés, incluant les professeurs retraités, peuvent déposer des documents dans Archipel. Ces derniers sont aussi invités à soumettre les mémoires et les thèses de leurs étudiants, une fois leur accord obtenu. On envisage également, à court ou à moyen terme, d’ouvrir le dépôt aux étudiants membres de groupes de recherche.
Notons enfin que les chercheurs pratiquent l’autoarchivage sur une base volontaire, dans la mesure où ils sont demeurés titulaires de leurs droits d’auteur ou ont obtenu le consentement des titulaires de ces droits.
Simple, rapide et convivial
Une attention particulière a été accordée à la dimension conviviale d’Archipel. Il est facile de repérer les documents qui sont identifiés par auteur, par année, par unité d’appartenance, etc. En quelques minutes, on sait qui a produit quoi et quand. Le Service des bibliothèques est responsable, par ailleurs, de la validation de chaque nouveau dépôt dans un délai de deux jours ouvrables et établit sa conformité en fonction des normes définies pour Archipel. Si un chercheur dépose un document, celui-ci n’apparaîtra pas immédiatement dans Archipel. Il sera transféré dans un espace temporaire réservé aux seuls administrateurs du système, dans le but de valider les métadonnées et s’assurer que le contenu est bien conforme au descripteur.
Quant à l’âge des documents, il n’y a aucune contrainte technique. «On trouve des documents de moins de cinq ans afin de valoriser des résultats de recherche récents, tandis que d’autres datent des années 70 ou 80», dit la professeure.
«Il faut faire connaître Archipel et inciter les chercheurs de l’UQAM à y présenter leurs résultats de recherche, lance Magda Fusaro. Dès cet automne, nous ferons la tournée des conseils académiques des facultés, des assemblées départementales et des unités de recherche. Plus les gens déposeront de documents, plus ils seront visibles et accessibles à la communauté.»