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20 000 lieues sous les mers

Par Dominique Forget

5 février 2007 à 0 h 02

Mis à jour le 17 avril 2015 à 16 h 04

Combien d’aventuriers ont vu le sommet du mont Everest, plus de 8 800 mètres au-dessus du niveau de la mer? Un peu plus de 2 200, selon les derniers chiffres. Combien ont vu les abysses des fonds marins, plus de deux kilomètres sous la surface de l’océan? Une poignée, quelques dizaines, tout au plus. «Les planchers océaniques couvrent 70 % de la surface de notre planète et pourtant, on ne connaît à peu près rien sur les écosystèmes qui s’y trouvent», déplore Jozée Sarrazin, diplômée du doctorat en sciences biologiques de l’UQAM, aujourd’hui chercheuse au Département «environnement profond» à l’Institut français de recherche pour l’exploration de la mer (IFREMER), à Brest. Ayant elle-même participé à des missions d’exploration à bord de sous-marins habités, elle sera au Coeur des sciences, le 7 février, pour partager ses expériences et ses découvertes.

Bien qu’elle ait fait ses premières armes dans le Pacifique, où elle a observé les luxuriants écosystèmes qui longent la dorsale Juan de Fuca – à la rencontre des plaques tectoniques –, l’océanographe parlera surtout de ses missions plus récentes. La campagne Momareto, notamment, qui s’est déroulée l’été dernier au sud des Açores et pour laquelle Jozée Sarrazin a agi comme chef de mission. «Nous avons exploré les écosystèmes qui jalonnent la dorsale médio-atlantique, dont Lucky Strike, un des sites hydrothermaux les plus étendus qui ait été visité à ce jour.»

Photos à l’appui, l’océanographe présentera quelques merveilles des fonds marins : fumeurs noirs qui dégagent d’épais panaches de fumée et rejettent des fluides qui frôlent les 400°C; cheminées hydrothermales dont la hauteur peut atteindre celle d’un édifice de 15 étages, crabes, pieuvres, vers vestimentifères et autres trouvailles. «La faune et la flore qui gravitent autour des sources hydrothermales baignent dans un environnement sans lumière, dans des conditions qui seraient insoutenables pour n’importe quelle créature terrienne  : radioactivité, pression 300 fois plus élevée qu’à la surface de la Terre, présence de métaux lourds… La découverte de ces écosystèmes dans les années 70 a complètement bouleversé nos connaissances en océanographie et modifié notre vision de la vie», dit la chercheuse.

Bien qu’à son avis, rien ne puisse remplacer l’expérience d’une mission en sous-marin habité, l’océanographe travaille de plus en plus souvent avec des sous-marins téléguidés, plus économiques et pratiques. Ce genre d’équipements permet de multiplier les découvertes. Car il y a fort à faire. On estime que seule une fraction infime des espèces qui ratissent le fond des océans a été identifiée à ce jour.

Vulgarisatrice scientifique chevronnée – articles dans Québec Science et participation à la réalisation de plusieurs films documentaires –, Jozée Sarrazin exposera aussi la toute dernière tendance en exploration des fonds marins : l’installation de bases permanentes sur le plancher océanique, équipées de caméras et de différents senseurs, pour suivre l’action 24 heures sur 24, dans le confort de son laboratoire.

La conférence sera précédée de la projection du film Océanautes qui retrace l’histoire de l’exploration des mers. Les places sont limitées et les réservations sont obligatoires. www.coeurdessciences.uqam.ca