Série Doc en poche
Armés de leur doctorat, les diplômés de l’UQAM sont des vecteurs de changement dans leur domaine respectif.
Thania Corbeil (Ph.D. éducation, 2016)
Titre de sa thèse: Relever le pari de l’éducabilité pour l’élève polyhandicapé: l’émergence d’un accompagnement
Directrice: Denise Normand, professeure associée au Département d’éducation et formation spécialisées. Codirectrice: Hélène Larouche, professeure à la Faculté d’éducation de l’Université de Sherbrooke.
Enjeu social: pour une éducation inclusive des élèves polyhandicapés
La thèse de Thania Corbeil, professeure au Département des sciences de l’éducation de l’Université du Québec à Rimouski depuis trois ans, fait le pari de l’éducabilité des enfants polyhandicapés. «Ces élèves doivent pouvoir cheminer sur le plan éducatif, dit-elle. Cette étude s’inscrit au cœur des enjeux sociaux en matière d’éducation inclusive, qui vise l’épanouissement du plein potentiel de tous les élèves, y compris des élèves polyhandicapés.»
Le polyhandicap se caractérise par une déficience intellectuelle profonde associée à une déficience motrice. «Ces élèves sont bien souvent en fauteuil roulant et éprouvent plusieurs difficultés sur les plans physique et sensoriel, précise la diplômée. Il peut être difficile de les accompagner et de repérer leurs capacités, puisque celles-ci sont dissimulées par de grandes difficultés.»
La chercheuse a elle-même enseigné à des élèves polyhandicapés dans une école spécialisée. C’est pour mieux accompagner ces enfants qu’elle a décidé de mener une recherche doctorale sur le sujet. «Au premier abord, comme on ne voit que le handicap, on a, en tant qu’intervenant, le réflexe de leur prodiguer des soins, de s’assurer de leur bien-être et de répondre à leurs besoins de base (hygiène, alimentation, habillage et déshabillage). Mais il faut aussi se demander comment on peut favoriser leur apprentissage. Il faut à la fois prodiguer des soins et éduquer ces enfants. L’un ne va pas sans l’autre.»
Ce qu’il faut changer
«Les enfants polyhandicapés ne sont scolarisés que depuis les années 1970, mentionne la chercheuse. Auparavant, ils étaient placés en institution et il n’existait pas de programme d’éducation.»
Pour mieux repérer les capacités des élèves polyhandicapés, les recherches de Thania Corbeil proposent l’angle de l’accompagnement éducatif dans une perspective d’apprentissage. «En choisissant cet angle plutôt que celui de la prise en charge, on part du principe que les élèves polyhandicapés ont des capacités et qu’en travaillant avec leurs forces, les intervenants peuvent les faire cheminer», affirme la chercheuse.
Selon elle, il faut prendre le temps d’observer les élèves et noter leurs plus petites réactions. «Derrière l’immobilité et l’incapacité de communiquer verbalement, les enfants peuvent se mettre à sourire, à pousser un petit cri, à cligner de l’œil.»
La chercheuse tient aussi à ce que l’expertise des parents face à leurs enfants soit davantage reconnue. «Les parents peuvent aider les enseignants à découvrir différentes facettes de leurs élèves et à mieux comprendre leurs réactions. Il faut encourager les relations parents-enseignants.»
Une mention d’honneur a été décernée à Thania Corbeil pour l’excellence de ses résultats académiques.