L’UQAM s’apprête à lancer les travaux de restauration du clocher de l’ancienne église Saint-Jacques, composante architecturale emblématique du campus. Pour mener à bien ce projet, l’Université pourra compter sur un soutien du gouvernement du Québec. Débutant cet été, les travaux devraient permettre à l’UQAM de se refaire une beauté pour ses 50 ans bien sonnés en 2019 !
«Le clocher fait partie de notre histoire, c’est un symbole de notre université. Sa restauration est une bonne nouvelle non seulement pour la communauté universitaire, mais aussi pour les habitants du quartier et l’ensemble des Montréalais. C’est un lieu emblématique qui fait le pont entre le passé et le futur de la métropole, mariant les vieilles pierres patrimoniales aux projections numériques d’avant-garde. Tous profiteront d’un clocher remis en état, dont la réfection sera arrimée à la vocation culturelle, créative et innovatrice du campus de l’UQAM, au cœur du Quartier latin et du Quartier des spectacles», souligne le recteur Robert Proulx.
Le clocher, rappelons-le, n’a pas fait l’objet d’une restauration majeure depuis l’incendie de l’église Saint-Jacques, en 1933. Il présente des signes de détérioration avancée et nécessite d’importants travaux de structure et de maçonnerie. Outre sa responsabilité de propriétaire immobilier, l’UQAM est tenue de veiller à la préservation du clocher en vertu de la Loi sur le patrimoine culturel.
Un bureau d’architectes spécialisé en restauration patrimoniale a été associé depuis 2009 aux travaux d’inspection et de sécurisation du clocher. Pour leur part, les travaux de réfection majeure devraient débuter en juin 2017. Ils concerneront, notamment, la reconstruction des contreforts, le remplacement des fenêtres, la restauration du portail d’entrée, le revêtement métallique, l’étanchéité des balcons, la reconstruction de la flèche, la rénovation et la remise en fonction du carillon et le remplacement des installations électromécaniques.
Une valeur architecturale
Le clocher de l’UQAM fut d’abord le clocher de l’église Saint-Jacques, première cathédrale de Montréal, détruite une première fois par le feu en 1852. Reconstruite par l’architecte John Ostell, l’église subira deux autres incendies (1858 et 1933) – qui laisseront intacts le clocher, le portail du transept sud et la sacristie – avant d’être acquise par l’Université en 1973.
Le clocher est par la suite intégré à la construction du pavillon Judith-Jasmin, érigé entre 1976 et 1979. En 1975, la revue Architecture Concept avait décrit ce projet en ces termes: «On y voit la volonté de créer une université nouvelle, ouverte sur le milieu et non enfermée jalousement dans une tour d’ivoire comme c’est le cas pour les universités traditionnelles». Les architectes Dimitri Dimakopoulos et Associés et Jodoin, Lamarre, Pratte et Associés obtiendront, en 1980, le Prix d’excellence de l’Ordre des architectes du Québec pour la conception du pavillon.
Portée patrimoniale et culturelle
L’église Saint-Jacques a longtemps été le témoin de la vie sociale et culturelle du premier quartier de la bourgeoisie francophone, lequel était le creuset de la vie intellectuelle montréalaise au début du 20e siècle.
Bien patrimonial que l’on doit préserver et restaurer, le clocher de l’UQAM constitue l’emblème du Quartier latin. «Il s’agit du plus haut clocher sur l’île de Montréal, souligne Dinu Bumbaru, directeur des politiques à Héritage Montréal. Le clocher représente un grand pivot métropolitain, un point de repère important dans le paysage urbain, un peu comme le mât du Stade olympique. Sa présence dans l’axe de la rue Saint-Denis est forte et porte loin.»
Depuis quelques années, le clocher de l’UQAM est devenu un espace d’expression privilégié pour les arts visuels et numériques, contribuant à la requalification de la rue Saint-Denis et du Quartier latin comme milieu de vie intellectuelle et culturelle. De nombreux étudiants et professeurs des facultés des arts et de communication ont ainsi participé à des projets d’installation et d’œuvres vidéo, qui ont permis d’animer et d’illuminer le site du célèbre clocher, notamment lors de divers événements culturels comme Montréal en lumière, La Nuit blanche et Illuminart.
Une place publique
Le projet de réfection du clocher s’inscrit également dans une vision plus large d’ouverture du campus sur la ville. L’Université a d’ailleurs fait connaître sa volonté d’intégrer la restauration du clocher Saint-Jacques dans la mise en œuvre d’un projet plus vaste, mené en collaboration avec la Ville de Montréal et divers partenaires. Ce projet vise la mise à niveau de la rue Saint-Denis avec la place Pasteur et le parvis de l’église Saint-Jacques pour créer une place publique accueillante et animée
Ce projet a été nourri par une réflexion à laquelle les étudiants, les professeurs et des partenaires de l’UQAM ont contribué, que ce soit lors d’une conférence sur l’avenir du clocher ou dans le cadre d’un atelier d’idéation et d’un concours auprès des étudiants en design visant à proposer un aménagement des espaces autour du clocher.
«Ce sont de beaux défis de design, d’architecture et, d’une certaine façon, d’urbanisme, mais un urbanisme d’aménagement plutôt que de règlement, note Dinu Bumbaru. Chose certaine, il s’agit d’une démarche porteuse pour l’avenir.» C’est un point de vue que partage le recteur Proulx: «Ces projets, qui participent à la valorisation du campus et de l’espace public, s’inscrivent dans le droit fil des valeurs de notre université, haut lieu du savoir centré sur l’ouverture, l’imagination et l’accessibilité.»