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Mort d’une pionnière

La professeure émérite Anita Caron, une des fondatrices de l’IREF, est décédée.

2 août 2016 à 14 h 08

Mis à jour le 2 août 2016 à 14 h 08

«En plus de son rire inoubliable, elle laisse le souvenir d’une intellectuelle engagée et d’une femme d’action», écrit Marie-Andrée Roy, directrice du Département de sciences des religions. Photo: Denis Bernier

Anita Caron, qui a été professeure en sciences des religions depuis les débuts de l’UQAM, en 1969, jusqu’en 1993, est décédée le 22 juillet dernier à l’âge de 88 ans. Figure marquante du féminisme, la professeure a fait partie, en 1977, de l’équipe fondatrice du Groupe interdisciplinaire d’enseignement et de recherche féministes (GIERF), devenu en 1991 l’Institut de recherches et d’études féministes (IREF), dont elle a été la première directrice (1991-1993). Une bourse d’études créée pour lui rendre hommage en 2007, à l’occasion de son 80e anniversaire de naissance, porte son nom: il s’agit de la bourse du Fonds Anita Caron/IREF de la Fondation de l’UQAM, versée à une étudiante ou un étudiant inscrit aux cycles supérieurs, dont les travaux contribuent à la transformation des rapports entre les hommes et les femmes pour l’égalité des sexes.

Tout au cours de sa carrière à l’UQAM, Anita Caron a assumé de multiples responsabilités: directrice du Département des sciences religieuses, vice-doyenne des sciences humaines, membre du Conseil d’administration de l’UQAM (1977-1979) et de la Commission des études (1985-1989). En plus de ses activités d’enseignement, elle a poursuivi d’importants travaux de recherche sur des sujets aussi variés que le développement moral de l’enfant et l’enseignement de la philosophie aux enfants, les femmes et leur participation au pouvoir dans l’Église, l’économie sociale et la lutte contre l’appauvrissement des femmes. De 1984 à 1989, la professeure a assumé la présidence du Centre interdisciplinaire sur l’évaluation sociale des technologies (CIEST). Au moment de prendre sa retraite, en 1993, elle a accepté la présidence du Réseau québécois des chercheuses féministes, fonction qu’elle a occupée jusqu’en 2000.

Avant d’entreprendre sa carrière à l’UQAM, Anita Caron avait enseigné à la Commission des écoles catholiques de Montréal (CECM), en enfance inadaptée, de 1946 à 1950, puis à l’École normale Notre-Dame et à l’École normale Ville-Marie de Montréal de 1963 à 1969, tout en poursuivant sa formation universitaire. Elle sera la première femme laïque au Québec à obtenir, en 1968, un doctorat en sciences religieuses/théologie (Université de Montréal) avec une thèse sur la démythologisation.

Celle qui a reçu la Médaille du Prince de Galles quand elle a complété son brevet supérieur d’enseignement, en 1946, a été honorée du titre de professeure émérite au moment de prendre sa retraite de l’UQAM en 1993. En 1994, elle se verra octroyer le Prix du mérite de l’association Amis et propriétaires de maisons anciennes du Québec (APMAQ), dont elle a été la présidente de 1998 à 2008. 

«Déterminée, courageuse et discrète, Anita Caron était une femme d’équipe», écrit Marie-Andrée Roy, directrice du Département de sciences des religions dans un message envoyé à ses collègues. «En plus de son rire inoubliable, elle laisse le souvenir d’une intellectuelle engagée et d’une femme d’action qui s’est intéressée avec passion et bienveillance au développement moral des enfants, qui a œuvré avec conviction à la mise sur pied et à l’essor d’institutions et de recherches féministes et qui s’est énergiquement impliquée pour la mise en valeur du patrimoine. Cette femme de culture, cette travailleuse infatigable a poursuivi sans relâche des idéaux reliés à la démocratisation des savoirs, à la justice sociale et à l’égalité des sexes.»

Anita Caron laisse dans le deuil de nombreux parents et amis. La date et le lieu de ses funérailles seront fixés au cours des prochaines semaines.