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Victoire de la communication

La victoire du Parti libéral du Canada découle de l’efficacité de ses stratégies communicationnelles, analyse Bernard Motulsky.

Par Pierre-Etienne Caza

20 octobre 2015 à 12 h 10

Mis à jour le 31 janvier 2018 à 15 h 01

Série L’actualité vue par nos experts
Des professeurs et chercheurs de l’UQAM se prononcent sur des enjeux de l’actualité québécoise, canadienne ou internationale.

Le nouveau Premier ministre du Canada, Justin Trudeau, et sa femme Sophie Grégoire.Photo: Kevin Van Paassen/Bloomberg

«La victoire de Justin Trudeau démontre la force d’une communication efficace auprès de l’électorat», affirme Bernard Motulsky, professeur au Département de communication sociale et publique et titulaire de la Chaire de relations publiques et communication marketing.

La campagne libérale s’est distinguée dès le départ par sa recherche d’originalité et d’esthétisme, souligne Bernard Motulsky. «Les affiches électorales du Parti libéral se démarquaient de celles des autres partis, plus traditionnelles. Le ton était donné dès le départ.»

Les publicités télévisuelles mettant en scène Justin Trudeau dans un décor bucolique l’ont également positionné favorablement auprès des électeurs. «Son premier message était de souligner qu’il était prêt à gouverner, note le professeur. Nous avons ensuite pu le voir dans un escalier roulant, où il nous invitait “à le suivre pour avancer”. Sur le coup, certains ont trouvé ces publicités bizarres, mais elles ressortaient du lot en le positionnant comme un candidat qui ne fait pas les choses comme les autres. Toutes ses publicités misaient sur le positivisme, sans trop attaquer ses adversaires et en mettant en scène des jeunes afin d’illustrer sa volonté de représenter la nouvelle génération d’électeurs.»

La présence systématique de l’équipe de Justin Trudeau sur les réseaux sociaux a permis de soutenir ses performances sur la place publique. «L’équipe de communication de M. Trudeau a fait un travail remarquable après le premier débat en français, où il avait livré une performance pitoyable, rappelle Bernard Motulsky. Quand on prépare un candidat pour ce genre d’événement, on ne sait jamais comment il va performer. Lors du premier débat, Justin Trudeau se contentait de répéter platement qu’il avait un plan et il a paru terne. Son équipe de communication a apporté des ajustements. Lors du deuxième débat, “j’ai un plan” a disparu au profit de quelques propositions simples et efficaces. On a pu voir un Justin Trudeau convaincu et passionné, tandis que Thomas Mulcair était empêtré à justifier sa position sur le niqab.»

L’équipe de Justin Trudeau a su mettre en évidence les qualités de son chef – jeunesse, dynamisme, simplicité du discours et modernité – tout en gommant ses défauts – inexpérience, naïveté, proposition osée de faire des déficits. «Son équipe a réussi à le positionner comme LA solution de rechange à Stephen Harper qui, de son côté, a buté sur plusieurs obstacles – l’affaire Duffy, la récession, la crise des réfugiés – qui l’ont empêché de mener la campagne qu’il aurait voulue, analyse le professeur Motulsky. Une communication efficace, qui s’appuie sur des éléments concrets et bien exploités, demeure encore aujourd’hui la meilleure façon de s’imposer dans  la sphère publique.»