Dessiner les fréquences électromagnétiques avec le vent. C’est la proposition d’Irradier, une nouvelle projection architecturale réalisée par la cellule de recherche artistique Ælab, dont fait partie la professeure Gisèle Trudel, de l’École des arts visuels et médiatiques. L’œuvre, qui sera présentée sur la façade du pavillon Président-Kennedy (PK) du 22 octobre au 8 novembre prochains, illustre la densification des signaux numériques en milieu urbain, où se côtoient ondes, pollution et mouvements de l’air.
«Le projet s’intéresse aux rapports entre l’invisible et le ressenti, explique Gisèle Trudel. On ressent la caresse du vent sur notre peau, mais on ne le voit pas. Les ondes électromagnétiques sont, elles aussi, partout autour des êtres vivants sans que l’on puisse les voir et en comprendre les effets.»
Grâce à un logiciel libre, le Gqrx Software Defined Radio, un logiciel de visualisation des fréquences radio du spectre électromagnétique, à une antenne et à un anémomètre, un appareil permettant de mesurer la vitesse du vent, la façade du pavillon PK se transformera en récepteur radio. Les spectateurs pourront voir une ligne vibratile modulée en direct par la force du vent.
L’antenne peut capter des ondes se situant entre 24 et 1700 mégahertz, «ce qui couvre une plage très large de fréquences, représentant plus de 300 groupes de fréquences recensées par le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC), précise Guillaume Arseneault, artiste numérique et candidat à la maîtrise en communication (concentration recherche-création média expérimental), qui a participé au développement de l’infrastructure technologique du projet. On peut capter les fréquences de la radio publique comme celles utilisées par le téléphone cellulaire.»
La forme particulière du pavillon PK met en relief le caractère scientifique du projet, note Gisèle Trudel. «Je vois le pavillon PK comme un outil de mesure avec sa stratification, dit-elle. Dans le cadre de la projection, le pavillon deviendra un immense instrument de vulgarisation scientifique.»
La projection s’inscrit dans une série de projets artistiques sur la matière résiduelle (portant, entre autres, sur un site d’enfouissement de déchets et sur la pollution atmosphérique) réalisés entre 2008 et 2014 par la cellule de recherche artistique Ælab. «Ce sont des expériences esthétiques réalisées à partir d’une recherche sur le terrain, explique-t-elle. Elles présentent toujours un aspect critique, mais ces œuvres ne sont pas moralisatrices pour autant.»
Le projet Irradier est présenté en collaboration avec le Service des communications de l’UQAM, le partenariat du Quartier des spectacles, le centre de recherches Hexagram-UQAM et le Laboratoire de recherche-création sur le dessin et l’image en mouvement (Grupmuv), grâce à l’appui financier du Fonds de recherche québécois – Société et Culture (FRQSC). Présentée du jeudi au dimanche, de 17 h 30 à 23 h (jusqu’à 2 h du matin les vendredis et samedis), la projection s’inscrira notamment dans le cadre de l’événement Media Art History Re-Create 2015. Cet événement, qui prendra place du 5 au 8 novembre au Cœur des sciences, sera codirigé par Gisèle Trudel. Il aura pour thème la recherche-création technologique et se penchera sur les théories, les méthodes et les pratiques de la recherche-création.