
Le réchauffement climatique fait fondre peu à peu le pergélisol des tourbières arctiques. À terme, cela entraînera une augmentation des émissions de méthane vers l’atmosphère. Voilà le principal constat effectué par une équipe de chercheurs du Royaume-Uni, du Danemark, de la Suède et du Canada, dont faisaient partie la professeure Michelle Garneau, du Département de géographie, chercheuse au GEOTOP, et Steve Pratte, doctorant en sciences de la Terre et de l’atmosphère. Ces chercheurs ont publié un article faisant état de leurs observations dans Scientific Reports, une revue en libre-accès du Nature Publishing Group. Le chercheur principal de cet article est Graeme T. Swindles, de l’Université de Leeds, au Royaume-Uni.
Le pergélisol des tourbières arctiques renferme une grande quantité de carbone, en raison notamment du froid qui empêche sa décomposition (au contact de l’oxygène). «Les impacts de la fonte du pergélisol dans les tourbières arctiques ne sont pas encore bien compris à cause de l’effet de rétroaction entre les conditions hydrologiques, la végétation et l’accumulation de la matière organique, explique Michelle Garneau. Ce que l’on sait, en revanche, c’est que le réchauffement climatique et le dégel du pergélisol menacent la stabilité de ces puits de carbone.»
Les chercheurs ont utilisé une approche paléoécologique afin de mieux comprendre le phénomène. «Nous avons d’abord observé des conditions d’assèchement des tourbières arctiques jusqu’à la fin du vingtième siècle, note Michelle Garneau. Cependant, le pergélisol de certains sites a connu un dégel marqué au cours des dernières années en raison du réchauffement climatique. Cela a mené à l’effondrement des palses, ces buttes rondes ou ovales avec un cœur de glace rencontrées en milieu périglaciaire, notamment dans les zones de pergélisol discontinu». En se basant sur les études antérieures, les chercheurs ont proposé un modèle en cinq phases qui expliquerait la réponse des écosystèmes tourbeux au réchauffement du climat. «Ce modèle culmine en un stade final caractérisé par des conditions d’inondation des tourbières propices à l’augmentation des émissions de méthane vers l’atmosphère, explique la professeure. Ces résultats sont particulièrement importants dans le contexte de la fonte actuelle du pergélisol dans les régions nordiques, car les émissions de méthane ont à leur tour un impact direct sur les mécanismes de réchauffement climatique.»