Une étude récente des professeurs Catherine Haeck, Pierre Lefebvre et Philip Merrigan, du Département des sciences économiques, publiée dans la revue scientifique Economics of Education Review, révèle que les résultats aux tests de mathématiques des élèves des premières cohortes de la réforme scolaire sont plus faibles – une baisse d’environ 5 % – que ceux obtenus par les élèves des cohortes pré-réforme. «La différence est encore plus marquée chez les élèves qui éprouvaient déjà des difficultés en mathématiques avant la réforme scolaire. Quant aux élèves les plus forts, leurs performances sont restées les mêmes», souligne Catherine Haeck.
Instaurée en 2000, la réforme scolaire avait notamment pour mandat d’assurer la réussite de tous les écoliers. «Bien qu’elle ait été implantée de manière progressive, la réforme n’a pas été mise en place correctement et n’atteint visiblement pas ses objectifs», affirme la professeure.
Pour arriver à un tel constat, les trois chercheurs ont épluché des données extraites de l’Enquête longitudinale nationale sur les enfants et les jeunes de Statistique Canada, qui a compilé les résultats des enfants canadiens au test de mathématiques procédurales, un test élémentaire qui, chaque année depuis 1994, se concentre sur les opérations mathematiques (addition, soustraction, division, multiplication) et inclut notamment les décimales, les exposants, les fractions ainsi que l’algèbre linéaire simple. Il est administré à tous les élèves dès la deuxième année du primaire jusqu’en quatrième secondaire, en fonction du niveau d’études.
Les chercheurs se sont penchés en particulier sur les résultats des élèves québécois avant la réforme, soit de 1994 à 1999, et après la réforme, de 2000 à 2008, pour ensuite les comparer. Ils ont également compilé les résultats (de 1994 à 2011) des élèves québécois au test TIMSS, administré dans toutes les provinces canadiennes. «Le test TIMSS est plus complet que le précédent car il inclut des éléments de science et de la résolution de problème», note la professeure.
Quelques bémols
«Auparavant, on mettait l’accent sur la répétition et la mémorisation, rappelle Catherine Haeck. Depuis l’implantation de la réforme, en 2000, on tend vers une approche qui intègre plusieurs habiletés en même temps, davantage orientée vers la résolution de problème, le tout dans un contexte de pédagogie par projets. Il semble que la base n’est pas acquise. Le calcul en mathématiques, c’est un peu l’équivalent de l’orthographe en écriture.»
La chercheuse se veut toutefois rassurante quant à l’avenir du programme d’enseignement en mathématiques: «Nos analyses ne portent que sur les cinq premières cohortes d’écoliers ayant vécu la réforme, précise-t-elle. Nous ne savons pas encore si les effets négatifs ont persisté. Il se pourrait que les améliorations apportées à la réforme aient permis de corriger certains problèmes.»