La capacité d’autorégulation chez les jeunes est un puissant facteur de persévérance scolaire. À première vue, cela semble aller de soi. «Nous sommes portés à penser que les jeunes qui sont en mesure d’inhiber certains comportements et de se concentrer sur leurs tâches sont ceux qui ont de bonnes notes et qui, de ce fait, persévèrent à l’école. Mais ce que l’on a démontré, c’est que l’autorégulation est un prédicteur indépendant des notes obtenues par les élèves ou d’autres facteurs connus, comme la situation socioéconomique ou le degré d’éducation des parents», explique Marie-Hélène Véronneau. La professeure du Département de psychologie a publié récemment un article à propos de ses recherches dans le Journal of Educational Psychology.
Le contrôle attentionnel
L’autorégulation peut être émotionnelle ou attentionnelle, explique la jeune chercheuse. Dans sa recherche, amorcée lors de son postdoctorat à l’Université de l’Oregon, Marie-Hélène Véronneau s’est attardée au deuxième type, qu’elle nomme «contrôle attentionnel», auprès d’un échantillon de 997 élèves qui ont été suivis de l’âge de 11 à 23-24 ans.
Le contrôle attentionnel regroupe trois aspects: le contrôle inhibiteur, la régulation attentionnelle et le contrôle activateur. «Le contrôle inhibiteur est la capacité à inhiber nos impulsions ou nos propres comportements dérangeants qui nous éloignent de nos tâches, comme la tentation d’aller sur Facebook», explique-t-elle. La régulation attentionnelle est la capacité de concentrer son attention et de la maintenir sur une tâche même si des éléments extérieurs nous distraient. «Le contrôle activateur est ce qui nous pousse, par exemple, à amorcer un travail de session tout de suite même si la remise est dans plusieurs semaines, car nous reconnaissons les avantages d’un tel comportement», poursuit-elle.
Si sa recherche a permis d’établir clairement la capacité d’autorégulation comme prédicteur de la persévérance scolaire, il serait intéressant de procéder à d’autres recherches pour comprendre ce qui prédit le niveau d’autorégulation, ajoute Marie-Hélène Véronneau. «À la lumière de nos résultats, nous croyons que ce sont les relations familiales positives dans l’enfance ou tôt dans l’adolescence qui jouent un rôle dans la capacité d’autorégulation. Les parents pourraient donc contribuer à ce que les jeunes développent et renforcent leur capacité d’autorégulation.»
La capacité d’autorégulation n’avait jamais été mise en lien de façon longitudinale avec la persévérance scolaire. «Contrairement aux autres prédicteurs qui sont difficiles – les notes – ou impossibles – l’éducation ou le statut socioéconomique des parents – à manipuler, on peut travailler sur l’autorégulation par des programmes ciblés auprès des parents qui influencent ensuite les enfants ou grâce à des programmes de méditation en pleine conscience auprès des jeunes. C’est ce qui fait l’intérêt de ces résultats.»