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Alfred Halasa en liberté

Le designer de renommée internationale expose ses affiches au Centre de design.

4 juin 2014 à 9 h 06

Mis à jour le 17 septembre 2014 à 19 h 09

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Alfred Halasa, affiche de l’exposition Alfred en liberté, 2014.

Le Centre de design rend hommage au professeur Alfred Halasa, de l’École de design, en présentant 90 de ses affiches dans le cadre de l’exposition Alfred en liberté,qui se déroule du 5 juin au 27 juillet. Au cours de ses 40 ans de carrière, ce designer graphique de renommée internationale a produit quelque 300 affiches, créant un univers original et intemporel. «Nous avons choisi de présenter des œuvres couvrant les années 1980, 1990 et 2000, qui permettront au public d’apprécier la diversité des styles, des techniques et des formats ayant marqué le travail d’Alfred», explique Marc H. Choko, commissaire de l’exposition et professeur émérite de l’École de design. 

Son ouvrage Le monde d’Alfred II accompagne l’exposition. Publié conjointement par les Éditions de l’Homme et Infopresse, ce livre contient 200 reproductions d’affiches et 60 photos personnelles d’Alfred Halasa. Il retrace la carrière de celui qui a largement contribué à la reconnaissance internationale de l’École de design de l’UQAM. À travers la vie du designer, le lecteur découvrira l’histoire d’une discipline et d’un monde graphique en bouleversement.

Titulaire de deux maîtrises en architecture (1968) et en design (1971) de l’Académie des beaux-arts de Cracovie, en Pologne, Alfred Halasa a travaillé, au début des années 1970, dans différentes agences de design à Paris. Quand il s’établit à Montréal, en 1975, l’UQAM l’embauche pour enseigner le design graphique. Les affiches qu’il a produites tout au long de sa carrière ont été sélectionnées par des musées, des bibliothèques et des collectionneurs privés en Amérique, en Europe et en Asie. Lauréat de nombreux prix internationaux, Alfred Halasa a enseigné à plus de 5 000 designers graphiques, marquant ainsi plusieurs générations de créateurs, dont Lino, Alexandre Renzo et le doctorant en études et pratiques des arts Tomasz Walenta, lui aussi d’origine polonaise, qui signe la conception graphique du livre Le monde d’Alfred II.

L’œuvre d’un artisan

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Alfred Halasa, Oeuvres de Frédéric Chopin, Janus Olejniczak, 2011.

Influencé dans les années1970 et 1980 par le style international, suisse et allemand notamment, Alfred Halasa s’est progressivement affranchi des modes, souligne Marc H. Choko. «On ne peut pas l’associer au courant qui réduit l’affiche à l’illustration ni au style influencé par le graffiti», dit-il. Selon lui, Alfred Halasa est avant tout un artisan qui aime le travail bien fait. «Il travaille beaucoup par association d’idées, avec des images découpées préexistantes, tout en se laissant guider par les heureux hasards de la création.»

Le professeur qualifie la démarche du designer d’intellectuelle. «Il part d’abord d’un sujet donné, y réfléchit, puis l’illustre par une grammaire d’éléments symboliques. Les oiseaux, par exemple, qui sont pour lui un symbole de liberté, occupent une place de choix dans son œuvre, tout comme dans la culture polonaise. Une cigogne qui s’envole, signe de bonheur, c’est Alfred en liberté.»

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Alfred Halasa, Le banquet chez la comtesse Fritouille, 2004.

Les thèmes culturels sont particulièrement importants dans le travail d’Alfred Halasa. «Sur l’une de ses affiches, réalisée pour l’adaptation théâtrale du conte de Gombrowicz, Le banquet chez la comtesse Fritouille, on voit une demi-vache dont la queue en forme de cravate et la chaussure rouge, faussement élégantes, comme une faute de goût, illustrent de façon comique la ruine intellectuelle de la bourgeoisie, telle que l’écrivain polonais l’a abordée dans son œuvre», observe Marc H. Choko.

Pour Alfred Halasa, l’affiche doit être facile à mémoriser. Elle doit provoquer une certaine émotion et avoir même un impact brutal, mais jamais vulgaire. La simplicité, voire un certain minimalisme, sont recherchés. Les couleurs sont vives, en aplats, favorisées par l’utilisation courante de la sérigraphie. «Bien que mon travail soit parfois marqué par l’abstraction, je ne cherche pas à faire de l’art pour l’art, dit Alfred Halasa. L’affiche n’est pas destinée au musée, mais à la rue. Elle est un miroir de la culture quotidienne. En plus d’informer le public, son rôle consiste à éduquer son regard.»