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Du sport… à la réadaptation

Le HiTrainer, un tapis d’entraînement nouveau genre, se prête à plusieurs programmes d’entraînement ou de réadaptation.

Par Valérie Martin

2 juin 2014 à 9 h 06

Mis à jour le 17 septembre 2014 à 19 h 09

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Un Citadin sur le HiTrainer du Centre sportif. Photo: Nathalie St-Pierre

Les joueurs des Alouettes et des Canadiens de Montréal ne jurent que par le HiTrainer Pro 100, un tapis roulant d’entraînement autopropulsé, destiné aux sportifs d’élite. L’appareil, mis au point par une entreprise de Bromont, permet un entraînement de haute intensité et à intervalles. Depuis plusieurs mois, les chercheurs du Département de kinanthropologie et de l’École de design sont mis à contribution afin d’évaluer les capacités du HiTrainer, d’en faire la validation scientifique, et de revoir son design et son ergonomie dans le but de l’adapter à d’autres types de clientèle.

Les capteurs camouflés dans les coussins et le tapis enregistrent différentes données, dont la capacité physique des athlètes, leur puissance, leur capacité à maintenir la cadence, ainsi que leur progression. Pour utiliser le HiTrainer, les usagers doivent d’abord placer les épaules et le haut du thorax sur les coussins de l’appareil puis se mettre à courir en position inclinée afin d’actionner le tapis roulant. Parmi les effets bénéfiques, on note une augmentation de la performance, de l’endurance et une meilleure récupération après l’effort.

«Nous avons établi une bonne relation avec Karl Hamilton, le président de Développement sportif HiTrainer, qui commercialise l’appareil. Il s’est toujours montré favorable aux modifications que nous avons apportées au HiTrainer», remarque Alain Steve Comtois. Selon le chercheur, l’appareil offre un programme d’entraînement plus complet qu’un tapis roulant traditionnel puisqu’il permet de développer à la fois les capacités musculaires et cardio-vasculaires.

C’est en entraînant les aventuriers du projet XP Antarctik, une expédition sur le continent austral qui s’est déroulée en janvier dernier, que la doctorante en biologie Andrée-Anne Parent a eu l’idée de modifier le HiTrainer pour qu’il réponde davantage aux besoins des participants en reproduisant les conditions de l’expédition. «Comme les participants devaient tirer leurs pulka (traîneaux), nous avons eu l’idée d’enlever les appuis aux épaules du HiTrainer pour les remplacer par des appuis aux hanches, explique l’étudiante, qui travaille sous la supervision d’Alain Steve Comtois. Les participants devaient pousser les courroies sur les hanches pour actionner l’appareil tout en marchant, dit-elle. De cette manière, le HiTrainer a permis de répondre à un besoin spécifique. Il est également beaucoup plus confortable pour les femmes puisqu’elles ne sont pas comprimées au niveau de la poitrine.»

L’appareil modifié servira éventuellement à améliorer les capacités physiques de patients en réadaptation. Le professeur Comtois et son équipe débuteront sous peu une étude avec les patients souffrant de la maladie pulmonaire obstructive chronique (MPOC) de l’hôpital du Mont-Sinaï, dans Côte-St-Luc. «Le but est d’implanter un programme de réadaptation pulmonaire avec un HiTrainer dont les appuis sont aux hanches, précise Alain Steve Comtois. L’appui au niveau des hanches est préférable en réadaptation puisque les patients ne sont pas compressés au niveau de la poitrine et qu’ils ne sont pas en position inclinée comme ils le seraient si les appuis étaient aux épaules. Ce dispositif est également plus adapté à la marche.»

Quant au volet design du HiTrainer, le projet a été confié aux professeurs Steve Vezeau et François Ranger, de l’École de design, qui ont été mandatés afin de mettre au point une version plus ergonomique du HiTrainer Pro 100. «L’objectif est de revoir son design et son aspect fonctionnel afin de proposer une version destinée entre autres au milieu de la réadaptation», dit Alain Steve Comtois.

Un outil de persévérance scolaire

Les chercheurs ont également utilisé le HiTrainer (dans sa version initiale) pour tester les bienfaits de l’activité physique sur la réussite scolaire. Un programme d’entraînement à haute intensité mené sous la direction de la professeure Claudia Verret, du Département de kinanthropologie, a été implanté en septembre dernier auprès des étudiants de l’école secondaire Wilfrid-Léger de Val-des-Cerfs. Des élèves se sont entraînés sur le HiTrainer à raison de deux séances de trois minutes par semaine pour une durée de six semaines.

Les résultats préliminaires obtenus par Anick Hébert, psychologue de l’école et coordonnatrice de la recherche, ont démontré que les étudiants avaient une meilleure perception et une meilleure estime d’eux-mêmes, une meilleure concentration en classe et étaient plus motivés. «L’utilisation de l’appareil leur a permis de fraterniser et de développer un esprit de cohésion. Autrement, ces deux groupes d’élèves ne se parlaient pas», note Alain Steve Comtois, qui participe également à la recherche. Dans un deuxième temps, les aptitudes physiologiques des jeunes qui ont utilisé le HiTrainer seront mesurées par le doctorant en biologie Raphaël Hart, afin d’évaluer les améliorations d’ordre physiologique et psychologique chez les jeunes utilisateurs de l’appareil.

Les joueurs des Citadins, sous la direction du kinésiologue et préparateur physique Athanasio Destounis, utilisent le HiTrainer dans sa version intégrale pour le moment. «L’idée, c’est de regarder si l’appareil peut améliorer la capacité de répéter des sprints chez les athlètes de soccer et de football. Le HiTrainer peut-il, par exemple, aider à soutenir une vitesse maximale quand on répète des sprints? C’est ce que nous cherchons à vérifier», explique Alain Steve Comtois.

Le professeur et son équipe comptent mettre sur pied un programme d’entraînement avec le HiTrainer destiné aux équipes tactiques de pompiers ou de policiers, par exemple. Ces derniers doivent effectuer des tâches sur de courte durée demandant un effort intense et une grande rapidité d’exécution. «Ils sont souvent appelés à courir, voire à sprinter, pour attraper un bandit, sauter par-dessus des obstacles ou pousser des charges lors d’interventions, précise Andrée-Anne Parent. L’appareil pourrait ainsi les aider à mieux performer dans leurs tâches.»

Trois des études en cours impliquant le HiTrainer et des chercheurs de l’UQAM sont en partie financées par Mitacs, un organisme qui soutient des projets collaboratifs entre des chercheurs universitaires et des entreprises afin d’améliorer leurs produits ou d’en accélérer le développement.