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L’avenir numérique des revues savantes

Des chercheurs de l’UQ se penchent sur les nouvelles pratiques en matière d’édition savante numérique.

Par Pierre-Etienne Caza

4 novembre 2014 à 14 h 11

Mis à jour le 4 novembre 2014 à 14 h 11

Plusieurs revues savantes de l’UQAM sont au centre d’un programme de recherche-action sur l’édition scientifique, soutenu financièrement par le Fonds de développement académique du réseau (FODAR) de l’Université du Québec. Intitulé «L’édition savante numérique: meilleures pratiques, approches innovantes pour les revues savantes de l’Université du Québec (UQ)», ce projet vise à créer un réseau des revues savantes de de l’UQ afin de faire émerger de nouvelles pratiques.

Le projet, qui regroupe neuf revues scientifiques de quatre institutions de l’UQ (UQAM, UQAR, UQTR, INRS-UCS), est sous la responsabilité conjointe des professeurs Robert Dion et Luc Bonenfant (Voix et images), du Département d’études littéraires, Michel Parazelli (Nouvelles pratiques sociales), de l’École de travail social, et Éric Duchemin ([VertigO] — la revue électronique en sciences de l’environnement), de l’Institut des sciences de l’environnement.

«Nous souhaitons contribuer à développer une culture de l’édition numérique au sein du réseau de l’UQ qui puisse appuyer l’édition papier traditionnelle ou, le cas échéant, s’y substituer, explique Éric Duchemin. Il s’agit par conséquent de faire en sorte que l’UQ devienne un acteur majeur dans la réflexion actuelle sur les pratiques de l’édition savante.»

L’équipe de recherche est composée de:

Robert Dion et Luc Bonenfant (UQAM), Voix et Images 
Michel Parazelli (UQAM), Nouvelles Pratiques sociales
Éric Duchemin (UQAM), [VertigO] — la revue électronique en sciences de l’environnement
Martin Drouin (UQAM), Téoros
Diane Laflamme (UQAM) et Joseph Levy (UQAM), Frontières
Lucie Sauvé (UQAM), Éducation relative à l’environnement — Regards, recherches, réflexions
Sandra Breux (INRS-UCS), Environnement urbain
Bernard Gagnon (UQAR), Revue Ethica
Hervé Guay (UQTR), Claude La Charité (UQAR) et Roxanne Roy (UQAR), Tangence
Nathalie Lewis (UQAR), [VertigO] — la revue électronique en sciences de l’environnement

Bouleversements numériques

Éric DucheminPhoto: Nathalie St-Pierre

Depuis quelques années, l’édition savante tente de s’adapter au monde numérique. De nombreuses plateformes sont apparues: Érudit, OpenEdition, Entrepôt numérique, etc. «Les revues, toutefois, sont encore mal outillées pour saisir toutes les occasions qu’offrent ces plateformes et pour faire face aux changements intervenus dans les modes de mise en marché des publications», note Éric Duchemin. C’est la même chose concernant les outils numériques, comme les systèmes de gestion de contenu, les réseaux sociaux, les flux RSS et les blogues scientifiques. «Les comprendre, les maîtriser et les utiliser devient une obligation pour les uns et une contrainte pour les autres», ajoute-t-il.

Plusieurs acteurs du milieu s’interrogent également sur les pratiques à adopter, tant en amont qu’en aval du processus. «Les organismes subventionnaires modifient ou abolissent leurs programmes de subvention aux revues papier et nous forcent de plus en plus à nous tourner vers le numérique, souligne Robert Dion, ancien directeur de Voix et Images. Idem concernant les distributeurs, comme les Presses de l’Université du Québec qui ont annoncé qu’elles cessaient de distribuer les revues en format papier. Il est donc impératif de réfléchir à l’avenir numérique de nos revues.»

Un projet sur deux ans

Robert DionPhoto: Nathalie St-Pierre

La recherche s’étalera sur une période de deux ans. «Nous voulons d’abord effectuer un tour d’horizon des différents modèles d’affaires et des pratiques en vigueur à travers le monde – plateformes de diffusion, technologies existantes, bon usage des réseaux sociaux, etc., explique Robert Dion. Au cours de la deuxième année, nous ferons appel à des spécialistes afin qu’ils partagent leur expertise dans une optique de formation. Puis nous procéderons à l’inventaire et à l’évaluation de nos propres pratiques. Nous mettrons en commun nos expériences – au moyen de séminaires ou de colloques – pour mieux identifier les avenues prometteuses pour l’avenir.»

«La nouvelle donne numérique peut offrir d’intéressantes perspectives d’innovation éditoriale, de diffusion, de rayonnement et de financement, y compris pour les publications qui désirent conserver une version imprimée, observe Éric Duchemin. Pour les revues qui sont déjà de plain-pied dans le numérique, comme [VertigO], cette recherche permettra de dépasser les normes actuelles, de mettre sur pied des projets innovateurs et d’en faire l’analyse.»

Chaque revue composera ainsi avec son histoire et ses spécificités, ajoute Robert Dion. «Pour certaines, c’est un passage total au numérique, pour d’autres c’est de bonifier leur présence sur le Web. À Voix et Images, par exemple, nous tenons au format papier, mais nous sommes conscients des efforts à investir sur le Web.»

Les deux chercheurs espèrent que cette collaboration avec leurs collègues de l’UQ permettra de mettre en valeur la contribution importante des revues savantes à la mobilisation des connaissances et au rayonnement des institutions du réseau. Et en obtenant une meilleure visibilité, ces revues seront sans doute en mesure d’attirer une relève essentielle, peu importe le type de support.